Le ministre de la défense est très respectueux du Parlement : s'il n'a pas pu venir, c'est uniquement parce qu'il se trouve actuellement au Sénat.
M. Pueyo a évoqué la porosité des frontières de la région. Le président de la Mauritanie, que nous avons rencontré hier, nous a assuré que les frontières de son pays étaient fermées, et a indiqué qu'il pourrait mettre à disposition des troupes supplémentaires. Le Tchad a fait une annonce similaire, dont la confirmation serait une bonne nouvelle, les Tchadiens disposant d'une armée solide.
M. Poniatowski et plusieurs députés ont déploré la solitude de nos troupes. Mais il faut distinguer les différentes phases. Aujourd'hui, nous sommes en première ligne, avec les Maliens. Mais des dispositions internationales ont été prises pour la suite. Certains ont rappelé que les problèmes du Mali étaient connus de longue date, mais c'est justement la France qui a fait en sorte que la question soit posée aux Nations unies et que de nombreux pays s'engagent. La résolution n° 2085 n'aurait pas été votée sans l'action de la France – ce que l'on peut d'ailleurs regretter.
Au cours de cette première phase, nous sommes donc, non pas seuls, mais en position avancée, avec les Maliens,. La deuxième phase consistera dans le déploiement de la Misma. C'est le sens des propos du Président de la République : nous n'avons pas vocation à rester éternellement au Mali. Il appartiendra aux Africains de prendre le relais.
En ce qui concerne la Somalie, la Direction générale du renseignement extérieur était particulièrement désireuse de lancer une action destinée à récupérer un de ses hommes, détenu dans des conditions abominables. L'opération était donc étudiée depuis longtemps. La date a été proposée au Président de la République bien avant le déclenchement de l'opération malienne, et il me semble que c'est en raison des conditions météorologiques qu'elle a été choisie. Dès lors que le Président avait donné son accord pour que l'opération ait lieu, il n'était pas envisageable de la reporter, d'autant que sa préparation exigeait plusieurs jours. Il est d'ailleurs possible qu'une décision contraire aurait eu des effets encore plus désastreux. Quoi qu'il en soit, on ne peut rien conclure de la concomitance des deux opérations, d'autant que l'intervention au Mali a été décidée dans les heures suivant la réception de la lettre du président Traoré.
À Bamako se trouvent deux établissements scolaires de droit local qui ne sont pas sous l'autorité de notre réseau. Nous les avons invités à fermer également, mais seul l'un d'entre eux l'a fait. Ils sont cependant pris en compte par notre dispositif de sécurité. Par ailleurs, nous suivons attentivement la situation au Niger.
Il est vrai, monsieur Meslot, que nous avons affaire à des groupes extrémistes islamistes, mais leurs méthodes et leurs objectifs sont de nature terroriste.
Il est certain que l'armement de nos adversaires est important. Cela s'explique pour une part par les conséquences de l'affaire libyenne.
Outre la Mauritanie, monsieur Boisserie, le Burkina et le Niger ont prévu de fournir des contingents militaires.
M. Chatel s'est interrogé sur le soutien a priori de nos alliés. Bien entendu, il y a eu des contacts entre le Président de la République et les Américains, ainsi qu'avec nos principaux partenaires européens. Nous nous trouvions cependant dans une telle situation d'urgence que nos troupes devaient intervenir sans délai. Évidemment, nous souhaitons que le plus grand nombre possible de pays européens s'engagent à nos côtés.. En tout état de cause, nous faisons le maximum, au point de vue diplomatique, pour mobiliser nos partenaires.
Je l'ai dit, l'article 51 constitue la base juridique de l'opération. La résolution n° 2085 n'a pas exactement le même but. M. Ban Ki-Moon m'a appelé pour féliciter la France de sa gestion et lui donner quasiment un feu vert. S'il reste d'autres aspects juridiques à traiter, nous le ferons dans les jours qui viennent.
« Où sont les Maliens ? » se demande M. Rochebloine. Il est certain que la force africaine doit être renforcée, et c'est l'engagement qu'ont pris les pays européens.
Nous discutons avec le gouvernement en place au Mali, monsieur Luca, et nous ne cachons pas que, à notre sens, des dispositions politiques devront être prises.
S'agissant de nos intérêts économiques au Mali, je les cherche encore. Quant au Niger, il s'agit d'un autre pays. Il est bien sûr normal que la France défende ses intérêts économiques mais cela n'a pas de rapport avec la décision prise par le Président de la République le 11 janvier.
Quant à l'Algérie, j'ai essayé d'indiquer la nature de nos relations avec son gouvernement.
Nous allons faire le maximum, madame Guittet, pour assurer la sécurité alimentaire et la défense des droits de l'homme.
Les informations dont je dispose sur la mort du lieutenant Boiteux sont celles qui ont été diffusées dans la presse : pilotant un hélicoptère, il a été mortellement blessé par un tir. Il a été très courageux, puisqu'il est parvenu à ramener ses compagnons à la base. Mais, atteint à l'artère fémorale, il a finalement succombé à ses blessures.
Je l'ai dit, monsieur Vauzelle, la France n'est seule que durant la première phase du conflit.
Il en est de même pour ce qui concerne le retour à l'intégrité du Mali, monsieur Fromion : nous n'avons jamais dit que la France devait rester en première ligne jusqu'à ce que cet objectif soit atteint. Nous avons été obligés d'intervenir, faute de voir le pays disparaître. Nous allons faire ce qu'il faut sur le terrain militaire, en favorisant aussi les éléments politiques, mais les Africains devront prendre le relais. Nous suivrons ensemble – car c'est aussi votre rôle – ce qui se passera.
Je ne pense pas, monsieur Hillmeyer, que l'OTAN soit concernée par cette crise – laquelle, en revanche, montre bien les limites de l'Europe de la défense.
Je suis parfaitement d'accord avec l'idée selon laquelle nous devons tirer les conséquences de cette opération lors de l'élaboration du Livre blanc.
Nos services ont rédigé de nombreux rapports sur le financement des terroristes. Il n'est pas avéré que tel ou tel pays avec lequel nous sommes en discussion y participe, sans quoi nous aurions eu les réactions nécessaires. Mais en tout état de cause, le trafic d'armes et celui de drogue sont une source importante de revenus. Il est fondamental que nous abordions de façon plus approfondie les liens entre drogue et terrorisme.
Je ne propose pas, monsieur Myard, que la France se saisisse en permanence de l'article 51. L'opération actuelle est déjà suffisamment astreignante.
M. Lellouche a fait des remarques pertinentes sur les déclarations de l'OCI et de M. Marzouki. Ce qui doit être dit sera dit.
Pourquoi cette urgence, demande M. Grouard. Quelles qu'aient été les précautions prises par les services, un moment est venu où les terroristes s'apprêtaient à prendre Mopti puis Bamako. Il fallait donc intervenir. Mais la France avait procédé depuis longtemps à une série de reconnaissances, et heureusement ! Se préparer à ce que les Africains interviennent dans plusieurs mois avec notre soutien est une chose ; constater le retournement d'Ansar Dine et son alliance avec le MUJAO et AQMI pour passer à l'offensive en est une autre. À un moment, on nous a dit : « Ils sont là. Si vous n'intervenez pas, dans cinq heures, il n'y aura plus d'État malien. »
M. Teissier est revenu avec raison sur les questions de défense, et M. Guilloteau sur nos relations avec l'Allemagne. Ce sont des questions qu'il faut en effet poser, mais de manière positive.
Pardonnez-moi si j'ai été trop rapide, mais je suis à votre disposition, ainsi que Jean-Yves Le Drian.