Sur ces sujets essentiels qui engagent l'avenir à très long terme, où les décisions mettent beaucoup de temps à porter leurs fruits, il est indispensable, en effet, que les politiques publiques soient éclairées.
Les agro-carburants ne me paraissent pas offrir une solution adaptée, non pas parce qu'ils entrent en concurrence avec des territoires consacrés à l'alimentation humaine – on peut en effet produire d'excellents carburants à base d'algues – mais parce qu'ils ne sont pas performants. Hormis quelques exceptions comme la bagasse de canne à sucre au Brésil, les agro-carburants sont très onéreux et ne se caractérisent que rarement par une capacité énergétique aisément et durablement exploitable. En tout état de cause, la chute du prix du baril a réglé le problème à court terme. À long terme, il me semble tout à fait déraisonnable de miser un seul centime sur les agro-carburants. D'autres solutions sont bien plus intéressantes : le développement de l'hydrogène, par exemple, permettrait de bâtir une économie de la mobilité tout à fait pertinente.
En matière d'innovation technologique, la BPI prend des risques réels et importants avec le plus grand professionnalisme. L'amorçage, par exemple, est un métier difficile par nature : il requiert une véritable vision du futur et la capacité de déceler la naissance de filières technologiques et industrielles. Or, la France souffre encore d'un handicap culturel en la matière, même si les grandes écoles font des efforts. L'action que mène la BPI dans ce domaine me semble aller dans le bon sens ; il en va de même de ses investissements visant à se substituer au marché lorsqu'il fait défaut – je pense au Fonds Écotechnologies – ou de ses investissements dans le capital-risque de grande envergure – le Fonds Large Venture – et du Fonds SPI, même s'il s'agit encore d'un domaine restreint.
Quant à la BEI, elle est fraîchement convertie : j'ai ainsi pu obtenir quelques fonds de l'une de ses filiales pour la seule et unique raison qu'ils étaient alloués par la Commission européenne, et non par la BEI elle-même, qui freine des quatre fers dès qu'il s'agit de placer de l'argent dans le risque technologique.