Intervention de Jean Bassères

Réunion du 31 mars 2016 à 10h00
Mission d'information relative au paritarisme

Jean Bassères, directeur général de Pôle emploi :

Je vais vous rassurer, monsieur le président, Pôle emploi ne manque pas de pressions, d'où qu'elles viennent !

Nos liens avec les régions reposent sur une approche conventionnelle que nous allons enrichir dans les prochaines semaines.

Il y a d'abord le volet consacré à la formation professionnelle. La loi du 5 mars 2014 prévoit que Pôle emploi ne peut passer des marchés de formation qu'avec l'accord de la région. Ce que nous proposons aux régions, c'est d'aller plus loin dans cette logique en prenant en compte également les aides individuelles à la formation que nous achetons. Elles auront alors une vue intégrée de toutes les formations achetées par Pôle emploi. Cela aura un mérite majeur : lever la suspicion dont nous faisons l'objet de la part des régions, qui ont tendance à penser que nos conseillers préfèrent adresser les demandeurs à des formations achetées par Pôle emploi plutôt que par elles. Ce n'est pas le cas, ce serait même plutôt l'inverse puisqu'on a plutôt tendance à dépenser un argent qui n'est pas le sien pour ne pas assécher ses propres ressources. Si nos conseillers le font moins que la logique ne le voudrait, c'est pour des raisons tenant au fonctionnement des systèmes d'information : ils n'ont pas forcément connaissance de toutes les formations achetées par les régions. Une fois ces soupçons dissipés, j'espère que nous pourrons travailler en profondeur avec les régions sur les conditions pratiques de prescription, qui nous permettront de répondre aux enjeux du plan « 500 000 formations ».

Ce que nous proposons également aux régions, c'est de bâtir avec elles de nouveaux partenariats autour de quatre dimensions.

Il s'agit d'abord de l'accompagnement des demandeurs d'emploi créateurs d'entreprise. La création d'entreprise est un levier important pour une reprise d'activité. Nous nous situons en amont du processus en aidant les demandeurs d'emploi à s'assurer que leur projet correspond à une création d'activité et nous comptons multiplier les actions de qualification pour la création d'entreprise. Ils ont besoin ensuite d'être accompagnés par des réseaux spécialisés, que ce soient les organismes consulaires, Initiative France ou l'Association pour le droit à l'initiative économique (ADIE), afin de construire un business plan et solliciter des prêts auprès d'un banquier. Il manque aujourd'hui une autorité organisatrice qui supervise ce type d'accompagnement. Je pense que les régions ont un rôle majeur à jouer en la matière, d'autant qu'après janvier 2017, elles seront responsables du dispositif NACRE – Nouvel accompagnement pour la création et la reprise d'entreprise – d'aide à la création d'entreprise, qui relevait auparavant de l'État.

La deuxième piste de partenariat passe par les 4 200 conseillers dédiés aux relations avec les entreprises que nous avons déployés depuis 2015 – ce qui est une grande nouveauté car l'ANPE et Pôle emploi considéraient que les conseillers devaient à la fois s'occuper des demandeurs d'emploi et des entreprises. Ces conseillers ont vocation à se tourner davantage vers les stratégies économies régionales.

La troisième piste repose sur la mobilité des demandeurs d'emploi, sujet très important. Nous finançons des aides à la mobilité. La région, en tant qu'autorité organisatrice des transports, pourrait prendre un leadership plus fort dans ce champ d'action.

Enfin, la quatrième piste renvoie au numérique. Notre force de frappe y est considérable car nous sommes un service public national. Nous allons travailler avec les régions au développement de nouveaux outils que nous mettrons au service des demandeurs d'emploi.

J'en viens aux relations entre Pôle emploi et la région des Hauts de France. J'ai rencontré M. Xavier Bertrand et nous allons travailler avec cette région sur les pistes que je viens de développer. Une convention sera négociée dans le cadre du plan « 500 000 formations ».

S'agissant de Proch'emploi, j'ai dit, depuis le début, que je ne comprenais pas la logique de ce dispositif. C'est, ni plus ni moins, un Pôle emploi bis. S'il s'agit de doublonner, alors il faut assumer le fait qu'il y ait des doublons. Une chose me gêne tout particulièrement : les rendez-vous avec les demandeurs d'emploi seront assurés par le personnel de la région ; or, selon moi, on ne peut s'improviser conseiller à l'emploi du jour au lendemain : c'est un véritable métier. Cela étant, qu'une personne trouve un emploi grâce à Proch'emploi ou à Pôle emploi, cela me fera toujours plaisir. Nous jugerons des dispositifs à leur efficacité respective – à moyens identiques car la clef de l'accompagnement est le temps consacré aux individus.

Nous devons travailler avec Proch'emploi : il y a des articulations à trouver avec Pôle emploi et il serait sans doute bon de mettre l'accent sur la formation. Contrairement à ce que certains pourraient penser, nous avons de bonnes relations avec la région des Hauts de France.

Il reste que je ne suis pas convaincu par le fait que d'autres fassent la même chose que Pôle emploi. J'ai une vision très pragmatique des choses. Il a souvent été dit que les opérateurs privés étaient beaucoup plus efficaces. En discutant avec mes collègues allemands, qui en matière de retour à l'emploi ont une certaine expérience, j'ai compris qu'ils ne faisaient pas appel aux opérateurs privés parce qu'il n'y avait pas de raisons objectives que le privé ait un avantage comparatif par rapport au public. Les analyses comparatives menées en France par M. Bruno Crépon, qui est une autorité en ce domaine, ont montré que le privé n'était pas plus efficace.

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