Comme vous, j'estime qu'il n'y a pas de raison pour qu'un opérateur public soit moins efficace qu'un opérateur privé. Il n'empêche que nous avons tous dans nos permanences des femmes et des hommes qui nous disent devoir attendre six mois avant d'obtenir un entretien à Pôle emploi pour évoquer sérieusement leur évolution professionnelle. Cela fait des décennies que l'on voit des tentatives de rationaliser l'offre de services, tantôt en mettant l'accent sur les conseillers généralistes, tantôt sur les conseillers spécialisés. Estimez-vous que Pôle emploi souffre d'une insuffisance de moyens ? Quels seraient les moyens nécessaires pour mettre en place une offre de services qui permettrait à chaque demandeur d'emploi d'être accompagné – enfin, s'il le souhaite, car je suis d'accord avec l'idée que l'on laisse de l'autonomie aux demandeurs proches de l'emploi ?
Plus nous avançons dans nos travaux, plus nous prenons conscience de la complexité de l'accompagnement individuel. En matière de formation, il est difficile de savoir vers qui se tourner : vers un organisme paritaire collecteur agréé, vers le directeur des ressources humaines pour mettre en oeuvre un congé individuel de formation, vers Pôle emploi, vers Cap emploi, vers la mission locale ? Je ne sais pas si ce système d'une redoutable complexité a des équivalents en Europe ou dans le monde.
Pour le CEP, cinq opérateurs différents sont concernés. Quand nous avons demandé aux représentants du Fongecif Île-de-France combien de CEP étaient dispensés par leur organisme, ils ont su nous répondre – 100 000 sur 300 000 à l'échelle de la France. En revanche, ils n'avaient aucune idée du nombre de CEP dispensés par Pôle emploi ou les autres opérateurs. Y a-t-il un chef de file parmi les opérateurs ? Des réunions communes sont-elles organisées, par région ou par bassin d'emploi ?
Nous aurions intérêt à clarifier les rôles. L'accompagnement des personnes ne relève pas, à mon sens, des régions – l'exemple des Hauts de France est suffisamment éclairant. Il y a mille missions vers lesquels elles pourraient avantageusement se tourner : je pense, entre autres, à la labellisation de formations, compte tenu de leur connaissance du tissu économique local ; je pense aussi à la mobilité, au coeur des compétences régionales.
La question n'est pas tant de savoir ce que l'on peut décentraliser ou non que de distinguer ce qui est géré nationalement – y compris de façon déconcentrée – de ce qui est décentralisé.