J'adhère totalement à cette dynamique, monsieur le rapporteur. Je citerai deux exemples pour bien montrer qu'il ne s'agit pas seulement d'une déclaration de principe.
Le budget de Pôle emploi est totalement fongible. Les directeurs régionaux disposent d'une enveloppe budgétaire globale qu'ils peuvent ventiler comme ils l'entendent. Nous encouragerons leur capacité d'initiative. Cela me vaut des débats avec des personnes plus centralisatrices que moi, y compris en interne avec les partenaires sociaux. Lorsque nous avons distingué, pour les offres de services, les demandeurs proches de l'emploi des autres demandeurs, j'ai refusé de fixer un critère national afin de laisser aux agences le soin de décider. Cela a provoqué des débats sans fin avec les partenaires sociaux mais aussi avec les représentants de l'État, qui voulaient que nous intégrions les seniors. Il faut savoir aussi que 5 % du budget de l'information est laissé à l'initiative du local, qui peut faire ce qu'il veut de ces montants – à charge pour nous d'évaluer l'efficacité des actions entreprises.
De gros opérateurs comme Pôle emploi ne peuvent vivre que s'ils sont agiles et flexibles et que s'ils donnent le maximum de marges de manoeuvre au niveau territorial.
Je suis toutefois soumis à des obligations qui m'empêchent de laisser une liberté complète – j'ai découvert la richesse du droit du travail… C'est la raison pour laquelle je lance des expérimentations, par exemple pour les conseillers dédiés aux relations avec les entreprises ou sur le contrôle des recherches d'emploi. Il faut parfois expérimenter pour convaincre.
Une fois qu'une orientation est prise, le paquebot qu'est Pôle emploi se met en ordre de marche. N'oublions pas qu'en l'espace de cinq mois, l'inscription à Pôle emploi et le dépôt des déclarations relatives à l'assurance chômage par Internet ont été déployés à l'échelon de la France entière et que les agences sont passées à l'accueil sur rendez-vous l'après-midi.
Reste que nous avons encore des marges de progrès.
Quant aux injonctions contradictoires, j'estime qu'on peut les réduire lorsqu'on a une stratégie assez claire. La fameuse convention tripartite, qui détermine un cap pour trois ans, et le plan stratégique qui l'accompagne permettent de fixer des repères. Les injonctions contradictoires sont toutefois inévitables. Nous passons notre temps à les gérer nous-mêmes. Moi qui suis un apôtre de la liberté d'initiative, je m'assure aussi du respect des objectifs quantifiés en matière de contrats aidés département par département.