On voit bien l'intérêt pour le salarié de développer une stratégie avec un conseiller qu'il connaît, avec lequel il a travaillé sur un projet de formation : il a un rêve qu'il accomplit étape par étape. Si le salarié se trouve à un moment au chômage, il me semble plus positif pour lui de continuer à travailler avec son conseiller et peut-être même d'utiliser son moment de chômage pour franchir une étape importante de cette stratégie qu'il a développée avec ce dernier.
Évidemment, vous profitez du côté positif du métier d'accompagnement. Pour le salarié que vous suivez, soit son projet s'accomplit et c'est un moment important dans sa carrière, soit il ne s'accomplit pas et la vie continue, dans son entreprise. En revanche, Pôle emploi doit faire face à une difficulté énorme : il prend en charge des personnes, pour longtemps, qui tentent beaucoup de choses, souvent sans succès. Quand on franchit pour la première fois la porte de Pôle emploi, c'est un traumatisme. Pour les agents de Pôle emploi, le métier est très difficile. Il serait très différent s'il était axé sur ce à quoi nous croyons tous, à savoir que la formation est un élément clé de la réinsertion et de la progression tout au long de la vie. C'est pour cela que je crois beaucoup à l'acteur unique. Pour reprendre votre image médicale, monsieur le président, votre médecin généraliste vous envoie parfois chez le chirurgien ou l'ophtalmologiste, quel que soit votre état de santé.
Les choses peuvent évidemment se construire patiemment, mais notre rôle de parlementaire est aussi d'essayer de proposer une rationalisation du système. Nous considérons que la formation est un élément clé de la situation du marché du travail. Vous avez raison, les innovations sont nombreuses, rien ne serait pire que de le nier. Mais on perçoit les limites d'un système qui se décline en treize régions, vingt-six branches et cinq acteurs. Les marges de progression sont évidentes : cela passe sans doute par une rationalisation du système, sans pour autant le déstabiliser, et en laissant du temps au temps lorsque cela est nécessaire. Mais il faut aussi avancer rapidement compte tenu des difficultés du pays.