J'aimerais vous poser une question difficile, à laquelle je n'ai personnellement pas trouvé de réponse. Ce qui peut apparaître comme une régression des sociétés arabo-musulmanes en matière de droits des femmes, sous l'effet de la montée de l'islam radical, est-elle une sorte de convulsion en réaction au choc de la rencontre avec la modernité, mais qui s'inscrit dans la série des vagues décrites par notre seconde intervenante ? On aurait alors des raisons de rester optimiste à long terme : la tentation du repli identitaire, du retour en arrière, ne pourrait faire obstacle à l'entrée de ces sociétés dans la modernité.
En ce qui concerne la nécessité d'un « code culturel universel » et le « combat culturel » à livrer, comment les femmes, les féministes et les acteurs politiques du monde arabo-musulman pourraient-ils faire en sorte que cela n'apparaisse pas comme une forme d'impérialisme des valeurs occidentales ? Et comment pouvons-nous les y aider, si tant est que cela soit possible ?
Chez nous, les conquêtes féministes doivent beaucoup à la démocratie occidentale. Qu'auraient-elles été sans la République, sans les batailles démocratiques, sans les mouvements sociaux que la démocratie a permis ? On a d'ailleurs vu assez vite les limites du féminisme d'État défendu par les régimes non démocratiques, auquel il manquait l'essentiel : la démocratie.