Madame la ministre, l’emploi constitue notre préoccupation car il est la préoccupation majeure des Français. Pourtant, notre pays peine à créer des emplois, malgré les conditions favorables que le Gouvernement s’est attaché à créer depuis 2012.
Une embellie se dessine avec les chiffres que vous avez annoncés hier mais nous ne sommes pas tous égaux quant à l’accès à l’emploi : le chômage frappe les plus fragiles, les moins formés. Les mesures d’accompagnement de la formation initiale et professionnelle portent leur fruit : on constate une baisse sensible du chômage chez les jeunes.
Avec 22 %, le taux de chômage des personnes handicapées, en revanche, est deux fois plus élevé que celui de l’ensemble de la population. Le contexte économique difficile ne doit pas être un prétexte pour ne pas se préoccuper de l’emploi en milieu ordinaire des personnes handicapées. Il rend notre mobilisation encore plus nécessaire pour les accompagner efficacement dans leur parcours de formation et dans leur parcours professionnel, dans leur recherche d’un emploi mais aussi et surtout dans leur maintien dans l’emploi ordinaire, car le handicap survient, dans 80 % des cas, au cours du temps de la vie professionnelle.
Changeons notre regard et considérons le potentiel des personnes plutôt que leurs handicaps ! L’entreprise doit être appuyée dans cette démarche. Des outils d’accompagnement existent sur tous nos territoires ; ils doivent être encore plus soutenus, grâce à une reconnaissance en droit de l’emploi accompagné.
Des organismes de placement spécialisés comme le réseau Cap-emploi mais aussi des associations oeuvrant dans le champ médico-social engagées sur ce thème offrent des services avant, pendant et après le recrutement. Il faut mieux organiser les différents outils, les mobiliser dans la durée, créer des plates-formes d’accompagnement dans l’emploi en milieu ordinaire, mises à disposition de l’entreprise afin de proposer un référent unique à l’employeur comme au salarié handicapé et à leur environnement immédiat.
Une personne autiste, par exemple, peut et doit trouver sa place dans l’entreprise ordinaire, bien accompagnée dans l’emploi, comme cela se fait en milieu scolaire ordinaire. Une personne bipolaire et qui le restera pendant toute sa vie professionnelle peut, grâce à un accompagnement permanent ou séquentiel, vivre une vie de salariée dite « normale », plutôt que de se considérer ou d’être considérée en incapacité permanente.
Les instances de l’entreprise, dont le CHSCT – le comité d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail –, doivent se saisir de la question du handicap. La négociation collective au sein de l’entreprise doit conduire à donner à chacun sa place, avec ses différences, son potentiel et sa fierté d’être un salarié comme les autres.
Quels leviers envisagez-vous d’actionner, madame la ministre, pour que nos administrations publiques, nos entreprises, nos PME prennent réellement en compte le potentiel de ces personnes, en attente de la reconnaissance promise par la loi de 2005, qui leur donne leur pleine citoyenneté ? Je sais que vous y êtes particulièrement attachée. Avec votre loi travail, des opportunités sont ouvertes. Saisissons-les ! Nous comptons sur votre détermination pour soutenir nos propositions dans ce sens.