Vous avez raison, madame la députée, le taux de chômage des personnes en situation de handicap est deux fois plus élevé que celui de la population générale. Et les demandeurs d’emploi handicapés sont bien souvent plus âgés et moins formés, ce qui constitue autant de freins supplémentaires.
La réponse à cette injustice indigne de notre pays implique bien sûr une stratégie globale, celle-là même que nous avons développée avec Ségolène Neuville, dans le cadre de la conférence nationale du handicap. Elle comprend plusieurs grands axes, avec lesquels, je le sais, vous êtes en accord.
Il s’agit tout d’abord d’améliorer l’accès à la formation et au marché du travail. Avec Clotilde Valter, nous avons souhaité que, dans le plan « 500 000 formations supplémentaires », ce public soit prioritaire.
Par ailleurs, ce que vous avez dit à propos de la prise en considération des compétences est essentiel. De ce point de vue, des compétitions internationales comme les Abylimpics – j’ai encore assisté récemment à un tel événement, à Bordeaux – sont fondamentales pour ce public mais, aussi, pour les entreprises et tous les Français : le handicap n’entraîne pas l’incompétence ; il faut simplement considérer les talents et les compétences avec un autre regard. Nous devons impérativement continuer à développer ce type de compétitions dans notre pays.
Nous devons également orienter les personnes handicapées vers une palette de métiers plus diversifiée. À cette fin, il convient de changer les représentations.
Il faut aussi développer le maintien dans l’emploi, autre préoccupation que vous partagez. C’est l’un des axes du plan national « Santé au travail 2015-2019 », que j’ai lancé.
Comme vous, je suis très sensible à la notion de parcours, au coeur de votre rapport relatif aux travailleurs handicapés. Nous étudions avec beaucoup d’intérêt l’idée d’emploi accompagné, que vous défendez et que vous souhaiteriez promouvoir avec un amendement au projet de loi dont nous discuterons à partir du 3 mai prochain.
Je tiens en outre à souligner le rôle primordial joué par Cap- emploi dans l’accompagnement des travailleurs handicapés vers l’emploi et la formation. C’est à la demande de l’État que l’AGEFIPH, et le FIPHFP – l’Association de gestion du fonds pour l’insertion professionnelle des personnes handicapées et le Fonds pour l’insertion des personnes handicapées dans la fonction publique – ont débloqué des crédits en faveur de la professionnalisation des conseillers de Cap-emploi.
Il importe aussi de développer la négociation collective sur le handicap dans les entreprises. Voilà quelques semaines, avec Ségolène Neuville, nous avons organisé une table ronde réunissant les partenaires sociaux à ce propos. Les dépenses liées à la préparation d’un accord pourront désormais être comptabilisées au titre des dépenses déductibles liées à l’obligation d’emploi, lesquelles restent néanmoins plafonnées à 10 % de la contribution due à l’AGEPIPH.
Malgré le contexte budgétaire, nous avons accru les crédits en la matière de plus de 13 % depuis 2012 et nous avons alloué 500 postes supplémentaires aux entreprises adaptées.
Dernier mot : je suis également très vigilante quant à l’accès des personnes handicapées aux dispositifs de droit commun. Deux chiffres : en 2012, les personnes handicapées bénéficiaient de 7,5 % des contrats aidés ; à la fin de 2015, le taux était monté à près de 13 %. Cela fait partie des indicateurs que je demande aux préfets lors des visioconférences que j’organise chaque mois avec eux.
Il faut bien sûr continuer en ce sens. Il s’agit d’un investissement nécessaire car la situation est indigne de notre pays et nous devons tout mettre en oeuvre pour les personnes handicapées. Lors de l’examen du projet de loi, je ferai preuve d’une grande écoute sur ce sujet.