Intervention de Myriam El Khomri

Séance en hémicycle du 27 avril 2016 à 15h00
Questions sur la politique gouvernementale en matière d'emploi

Myriam El Khomri, ministre du travail, de l’emploi, de la formation professionnelle et du dialogue social :

Madame la députée, je partage tout à fait votre analyse concernant le chômage des seniors, la désespérance et les problèmes, notamment psychologiques, qu’il entraîne. C’est une priorité constante.

Je me dois néanmoins de vous rappeler que le taux d’activité des 55-64 ans progresse depuis quatre ans et atteint 50,7 % en 2014. Ce n’est bien sûr pas suffisant mais c’est la conséquence d’un ensemble de réformes qui a incité à la prolongation de l’activité professionnelle et à changer le regard sur les seniors. Vous n’en avez pas moins raison : ceux-ci demeurent plus exposés au risque du chômage que le reste de la population et le nombre de demandeurs d’emploi de plus de 50 ans inscrits à Pôle emploi en catégorie A a continué d’augmenter plus vite que pour les autres classes d’âge.

Les chiffres de mars dernier attestent, pour la première fois depuis février 2008, d’une baisse du nombre de demandeurs d’emploi seniors sur un mois, de l’ordre de 8 600. Nous sommes tout à fait conscients de l’insuffisance de ces résultats.

Cela dit, les chiffres de Pôle emploi s’expliquent en grande partie par la suppression de la dispense de recherche d’emploi intervenue en janvier 2012. Les demandeurs d’emploi seniors restent donc inscrits à Pôle emploi, contrairement à ce qui prévalait avant cette date. Les politiques de l’emploi doivent donc leur porter une attention particulière, qui passe notamment par les emplois aidés et l’accès à l’accompagnement renforcé de Pôle emploi, c’est essentiel. Cela passe également par le contrat de génération, dispositif réservé aux entreprises de moins de 300 salariés qui a permis près de 54 000 recrutements ou maintiens en emploi de seniors. Dans les plus grandes entreprises, les engagements contenus dans les accords contrat de génération prévoient le maintien en emploi de plus de 290 000 salariés âgés, auxquels s’ajouteront près de 12 000 embauches de senior sur les trois prochaines années.

La lutte contre le chômage des seniors s’est également traduite par la mise en oeuvre de dispositifs innovants. Un contrat de professionnalisation « Nouvelle carrière » est adapté aux seniors : d’une durée plus courte, il est assorti de formations appropriés, en particulier pour les publics maîtrisant déjà un métier. Les possibilités de renouvellement des contrats aidés ont été élargies aux personnes de plus de 58 ans rencontrant des difficultés d’insertion particulières – j’en rencontre beaucoup sur le terrain et je peux vous dire qu’il s’agit aussi d’une vraie réponse. Les actions en faveur du maintien dans l’emploi, notamment dans le cadre de la politique de santé au travail, comprennent la prévention de la pénibilité et le droit à la formation, avec un entretien professionnel renforcé pour les plus de 45 ans. Enfin, les seniors font partie des publics cibles du plan « 500 000 formations supplémentaires », car la reconversion professionnelle leur est parfois particulièrement difficile. Nous devons donc tout faire pour les accompagner et les aider, notamment en les orientant, eux aussi, vers les métiers en tension et les secteurs d’avenir.

J’ajoute que l’École 42 a lancé en région parisienne, avec Pôle emploi, un dispositif visant à accompagner une quinzaine de seniors vers les métiers du numérique, qui fonctionne particulièrement bien. Nous voulons développer beaucoup plus massivement ce type de dispositifs.

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