Intervention de Claudine Schmid

Séance en hémicycle du 28 avril 2016 à 15h00
Lutte contre le hooliganisme — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaClaudine Schmid :

Madame la présidente, monsieur le secrétaire d’État, monsieur le président de la commission, monsieur le rapporteur, mes chers collègues, nous voici à nouveau appelés à étudier cette proposition de loi déposée par des députés du groupe Les Républicains. Elle vise à donner aux clubs la capacité effective d’exercer les responsabilités qui sont les leurs en matière de sécurité dans les stades, afin d’éradiquer les comportements intolérables d’une minorité d’individus, qui ne sont évidemment pas représentatifs de la communauté des supporters. Dans sa version initiale, ce texte limitait la question du supportérisme à son aspect répressif. Désormais, il montre un véritable ancrage dans une volonté d’équilibre.

Aujourd’hui, c’est donc un texte enrichi qui est soumis à notre examen. J’insiste sur le fait qu’il concerne tous les supporters des sports professionnels et ne se restreint pas au football.

La notion fondamentale de cette proposition de loi est le dialogue, car la question de la violence dans le sport a déjà fait l’objet de nombreux travaux législatifs. En 2010, un livre vert du supportérisme avait souligné ce besoin de reconnaissance des supporters par les instances sportives et institutionnelles. En 2013, un rapport parlementaire sur le fair-play financier européen et son application au modèle économique des clubs de football professionnel français allait aussi dans ce sens. Le rapport parlementaire de 2014, déjà évoqué et intitulé « Pour un modèle durable du football français », soutenait lui aussi la nécessité d’associer les supporters et leurs associations à la prévention de la violence et celle de développer un dialogue solide aux niveaux tant local que national.

Instaurer le dialogue avec les supporters dans un climat de confiance revient à mener une politique préventive pour désamorcer les problèmes en amont et trouver des solutions. C’est la raison pour laquelle il est nécessaire de garantir les conditions d’une reconnaissance du supportérisme par les institutions et les acteurs du sport professionnel. Cette reconnaissance doit être duale. D’une part, il est essentiel de reconnaître la contribution et l’apport des supporters au développement du sport et à l’animation des stades. D’autre part, il est fondamental de mieux associer les supporters aux politiques de sécurité au sein des stades pour renforcer l’efficacité de celles-ci.

La nécessité de garantir la sécurité dans les stades est une préoccupation partagée par tous, d’autant plus dans un contexte de menace terroriste. Je veux croire que chacun a également conscience que nos actions répressives doivent s’accompagner de mesures de prévention dans lesquelles les supporters eux-mêmes peuvent et doivent jouer un rôle majeur.

De plus, n’enfermons pas le supporter dans la stigmatisation. Évitons d’assimiler l’ensemble des supporters qui font vivre le sport français et qui le célèbrent aux quelques hooligans pour lesquels le sport n’est qu’un prétexte à la violence. Il est important de ne pas opérer de confusion dans la définition des supporters. Les hooligans qui cristallisent la violence et nuisent au bon déroulement des compétitions sportives ne peuvent être considérés comme des supporters. Par définition, en effet, les supporters portent au plus haut le sport qu’ils soutiennent : ils ne le rabaissent pas. Ils défendent leur engagement pour un sport dans le respect des valeurs citoyennes. Loin d’être des fauteurs de troubles, ils participent à l’élan positif et enthousiaste suscité par la compétition. Ils font vivre une équipe en l’animant.

Je suis donc convaincue que penser la sécurité, c’est avant tout penser la nécessité d’intégrer les supporters à la politique engagée afin d’atteindre un équilibre. Le sport doit demeurer une fête. La violence dans les stades est d’autant plus inacceptable que le sport, notamment le football, suscite l’intérêt de centaines de milliers de jeunes qui, bien souvent, se projettent dans les exploits de leurs équipes favorites. Qu’un enfant souhaitant regarder un match de football au stade ou devant son poste de télévision se trouve confronté à l’expression de haines et au spectacle de violences justifie totalement notre action la plus résolue.

Des mesures de répression et de prévention des violences doivent donc être prises. Or, vous le savez, chers collègues, le calendrier sportif est toujours riche. Il dépasse l’Euro de football désormais tout proche. Envisager le supporter autrement en l’incluant dans l’organisation des événements peut être porteur. Je suis convaincue de la nécessité de lier dialogue et sécurité. Cette proposition de loi peut donner un nouveau souffle en instaurant un climat de confiance dans les événements à venir. Elle répond au double impératif d’extrême fermeté envers le hooliganisme et de dialogue avec les associations de supporters.

Je me réjouis que tous les orateurs qui m’ont précédée aient annoncé qu’ils voteront ce texte, qui est nécessaire et équilibré.

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