Intervention de Philippe Goujon

Séance en hémicycle du 28 avril 2016 à 15h00
Lutte contre le hooliganisme — Article 6

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaPhilippe Goujon :

Du moins puis-je faire une tentative, peut-être vaine, pour le réintroduire.

Il s’agit en effet, comme l’ont rappelé M. Fillon et le rapporteur, de la seule disposition du texte relative aux « fans zones », qui visait à en exclure les supporters interdits judiciaires de stade comme le sont déjà – et il est bizarre qu’ils soient seuls concernés – les interdits administratifs : cet article se contentait d’harmoniser les deux périmètres. Paradoxalement, en effet, les interdits administratifs n’ont pas accès à ces zones, mais les interdits judiciaires, si. Comprenne qui pourra !

Afin d’éviter les ambiguïtés que me reprochait le Gouvernement, j’en ai modifié la rédaction pour préciser que la disposition s’appliquait bien aux lieux publics de retransmission en public des matchs, ce qui permet d’exclure les lieux privés ouverts au public, comme les bars.

Au-delà cependant de cette question, je souhaite ajouter ma pierre au débat sur les « fans zones ». Monsieur le secrétaire d’État, le maintien de ces zones représente véritablement, et nous sommes plusieurs à le penser, un risque inconsidéré alors que l’état d’urgence va précisément être prorogé pour couvrir cet événement, que – si l’on en croit le Premier ministre et le Président de la République – nous sommes en état de guerre, que les commandos terroristes de Paris et de Bruxelles ont révélé qu’ils voulaient passer à l’action durant cette manifestation sportive et que le Conseil national des activités privées de sécurité – CNAPS – en a recommandé à l’unanimité la suppression car aucune des grandes entreprises de sécurité n’a accepté de prendre le risque de sécuriser ces « fans zones » Il aurait du reste fallu recruter beaucoup plus d’agents de surveillance qualifiés et les effectifs prévus sont très insuffisants – on prévoit ainsi à Paris 400 agents pour 100 000 supporters, alors qu’il en faudrait 1 000. Le fiasco des Jeux olympiques de Londres hante encore les esprits : comme vous le savez, les Anglais ont dû faire appel en urgence, au dernier moment et en catastrophe, à 3 500 militaires, faute d’avoir pu recruter assez d’agents de sécurité formés.

Le doublement du coût du dispositif de sécurité – vous l’avez porté de 12 à 24 millions d’euros, avec une petite rallonge budgétaire de l’État –, ne réglera pas le problème, un mois et demi seulement avant l’Euro.

Les « fans zones » ne me semblent pas indispensables au succès de l’Euro et, de toute façon, elles n’empêcheront pas les retransmissions aux terrasses des cafés, qui seront bondées. Pour Paris, on a également proposé d’implanter la « fan zone » dans un stade sécurisé, comme le stade Charléty, plutôt qu’au pied de la Tour Eiffel, dans un espace de quinze hectares, accessible sans billet, et qui accueillera tous les jours pendant un mois, jusqu’à une heure fort tardive, 100 000 personnes – voire le double pour le concert d’inauguration donné par David Guetta. C’est un risque inconsidéré, car cette « fan zone» mobilisera d’importantes forces de police, rendues ainsi indisponibles pour assurer la sécurité de lieux sensibles comme les gares et les aéroports. Monsieur le secrétaire d’État, ne tentez pas les terroristes avec ces fans zones.

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