En Syrie, notre attention se porte sur le respect du cessez-le-feu et l'annonce du retrait partiel des forces russes.
En ce qui concerne le cessez-le-feu, 167 factions se sont engagées à respecter l'accord en vigueur depuis le 27 février. Seuls le Jabhat an-Nusra (JaN), Daech et des groupes radicaux proches de ces deux organisations n'ont pas adhéré au processus. Ces groupes, ainsi que d'autres à l'influence plus marginale en Syrie, peuvent donc être frappés. Le respect de la trêve est supervisé par une task force mise en place à Genève, coprésidée par la Russie et les États-Unis et à laquelle participe la France.
Si les combats se poursuivent, le rythme des opérations a été considérablement réduit, en particulier par les Russes. On constate donc une nette réduction. Des accrochages opposant les insurgés aux FASS et aux FDS ont été signalés, notamment dans le rif de Lattaquié, dans la région d'Alep et entre Hama et Homs.
Sur le terrain, le régime syrien a vu ses capacités et son moral remonter grâce à l'intervention russe. Depuis, les forces du régime relancent des opérations partout où elles le peuvent. Damas, avec l'appui de ses alliés russes et iraniens, a réussi à couper, à la mi-janvier, le corridor d'Azaz qui permettait le ravitaillement de l'insurrection entre Alep et la Turquie.
Cela a permis au régime d'aborder les négociations de début février en position de force. De la même manière, le régime syrien a poursuivi ses actions de combats au Nord et au Sud de la « Syrie utile » contre les groupes d'opposition jusqu'aux dernières minutes précédant le début de cessation des hostilités. Désormais, les forces syriennes tentent, à partir de Lattaquié, de reprendre les villes menant à Idlib qu'elles avaient perdu à l'été 2015 lorsque le régime était au bord de la rupture.
Le retrait partiel des forces russes est effectif, même s'ils ont laissé des moyens pour défendre leurs bases de Latatquié et Tartous.
Pour ce qui concerne la coordination entre les États-Unis et la Russie, un dispositif de coordination bilatérale, la Ceasefire Task Force, qui regroupe un certain nombre de pays comme l'Arabie Saoudite, la Chine, l'Égypte, les Émirats arabes unis, les États-Unis, le Liban, Oman, la France… a été mis en place dans le cadre de l'accord russo-américain portant sur la cessation des hostilités en Syrie.
Comme vous le constatez, Daech est aujourd'hui contenu au Levant, sans aucun doute, mais reste très combatif et résilient. Il conserve le contrôle de ses bastions en Irak et en Syrie, dont il renforce les défenses, et maintient une sécurité efficace dans les territoires qu'il occupe. Ses effectifs restent stables et l'organisation garde sa liberté de manoeuvre entre les différentes lignes de front. Malgré la perte de quelque 1 000 combattants par mois, Daech maintient ses effectifs, estimés, au Levant, à 34 000 hommes, une stabilité qui résulte de la persistance du flux de combattants étrangers et du choix d'opérer des replis défensifs, plutôt que de tenir sur place quand le rapport de force n'est plus favorable aux djihadistes.
Pour ce qui est des ressources de Daech, on est passé d'une production pétrolière de 45 000 barils par jour à entre 20 000 et 30 000 barils par jour, chiffres ridicules quand on les compare à ceux de pays moyens qui produisent 700 000 à 800 000 barils par jour. Daech contrôlerait néanmoins toujours 60 % de la production en Syrie et environ 20 % en Irak.
Face aux difficultés, Daech a renforcé son contrôle interne. Les revers militaires et la lente dégradation des conditions de vie au sein du califat compliquent voire fragilisent sa stratégie et sa propagande, ce qui ne l'empêche pas de continuer d'administrer les territoires qu'il occupe et d'agir par la terreur puisque, lorsque ses combattants reculent, ils sont assassinés, notamment par décapitation.