La France n'est pas absente du processus diplomatique en Syrie – auquel est associé un ambassadeur de France– mais que, les États-Unis et la Russie évaluent conjointement et étroitement le suivi opérationnel du cessez le feu. Les Français, comme les autres partenaires de la coalition, sont allés frapper en Syrie et continuent de le faire.
Boko Haram est encore très présent dans les monts Mandara, dans la forêt de Sambisa et dans la zone du lac Tchad. Aussi avons-nous observé avec plaisir la formation d'une force multinationale africaine mixte rassemblant des troupes camerounaises, nigérianes, nigériennes et tchadiennes sous le commandement du général nigérian Lamidi Adeosun. Mises à part quelques difficultés linguistiques, les choses se passent en bonne intelligence. La réussite de cette coalition est à souligner. Elle a eu des succès et c'est une excellente nouvelle. Le renseignement est fourni par une cellule de coordination et de liaison basée à N'Djamena et commandée par un colonel français ; elle alimente pour partie l'action des bataillons africains au sol.
J'ai fait état de la situation au Pakistan pour mettre le nombre d'attentats en perspective. L'opération Barkhane a effectivement permis qu'AQMI ne soit plus une menace militaire. En revanche, il demeure une menace en ce qu'il s'est disséminé. L'existence d'AQMI s'explique par plusieurs phénomènes conjugués : l'irrédentisme touareg face au pouvoir malien, les trafics de stupéfiants, des dissensions tribales qui ont toujours existé. Je ne suis pas certain que nous, Français, allons résoudre tous ces problèmes. Je considère Barkhane comme une victoire militaire. Ayant été commandant des opérations spéciales en janvier 2013, je vois ce que nous avons été capables de faire face aux katibats, qui utilisaient une stratégie de conquête territoriale militaire. Maintenant, ces groupes utilisent la tactique « du faible au fort » : ils sont beaucoup moins nombreux, mais ils savent que toute explosion due à un engin placé sous un camion donnera lieu à une dépêche de presse. On a le sentiment que beaucoup d'attentats continuent d'être perpétrés, mais si les victimes sont certes encore trop nombreuses, leur nombre absolu n'est pas considérable. Le Mali n'est pas encore en paix.