Ma question s’adressait au ministre de l’intérieur. Je souhaitais appeler son attention sur la question des zones de sécurité prioritaires, en particulier sur leur adaptation au déplacement de certaines problématiques, comme la lutte contre les stupéfiants, et sur les effets de bord.
Le 11 avril 2016, Sébastien Piffeteau, vice-procureur du tribunal de Bobigny et magistrat en charge de la division des affaires criminelles et de la lutte contre la délinquance organisée, rappelait dans un article les caractéristiques du trafic de cannabis en Seine-Saint-Denis. Son chiffre d’affaires annuel est estimé à 1 milliard d’euros. Les points de vente sont connus : les cités Soubise et Émile-Cordon dans le vieux Saint-Ouen et le quartier Zola-Arago, plus au sud de la commune ; la cité des 4 000 à La Courneuve ; les Beaudottes à Sevran ; les Mille-Mille à Aulnay-sous-Bois – j’en passe.
Dans le cadre de la politique de sécurité et de lutte contre la délinquance mise en place par le Gouvernement, quatre zones de sécurité prioritaires ont été créées en 2012 et en 2013 à Saint-Ouen, Saint-Denis, Sevran-Aulnay-sous-Bois et Aubervilliers-Pantin, avec de bons résultats : baisse des atteintes aux biens, baisse des atteintes aux personnes et augmentation des effectifs de police.
Dans ma circonscription, les plus gros points de vente de cannabis sont la cité de La Noue à Montreuil et le quartier de la Capsulerie à Bagnolet. Les habitants de ces quartiers vivent un enfer. Le maire de Bagnolet, Tony Di Martino, vous a interpellé pour demander la création d’une brigade de sécurité territoriale. En effet, la Capsulerie est un quartier ultra-enclavé, situé à l’intersection de la ligne 3 du métro, de l’autoroute A3 et de la gare routière internationale Eurolines. J’appelle votre attention sur les problèmes qui pourraient se poser à l’occasion des événements sportifs internationaux que nous allons accueillir. C’est un supermarché à ciel ouvert et, je le répète, un enfer pour les habitants.
Pourtant, avec la mise en place de la zone de sécurité prioritaire dans le 20e arrondissement de Paris pour le marché et le détachement d’unités à la porte de Bagnolet, nous avons réussi un travail extraordinaire, notamment concernant la lutte contre la vente à la sauvette. Or, aujourd’hui, le trafic se déplace là où les trafiquants sont moins inquiétés.
À Marseille, la préfecture a mis en place une logique globale, avec une coordination de toutes les directions de la police, des autres services de l’État, des collectivités locales, des acteurs publics et privés et de ceux du monde associatif. À la veille de l’Euro 2016, événement sportif international, le quartier de la Capsulerie est au coeur de l’un des tout premiers pôles hôteliers de la région, avec 700 000 nuitées par an.
J’appelle donc à l’action et à la prise de conscience. Il y a urgence à adopter des mesures concrètes. Nous appelons aujourd’hui, au minimum, à la création d’une brigade de sécurité territoriale. Nous demandons, devant la représentation nationale, que chacun prenne ses responsabilités. Nous sommes en première ligne sur le terrain, avec les habitantes et les habitants et, aujourd’hui, nous n’en pouvons plus.