Intervention de Daniel Gibbes

Séance en hémicycle du 3 mai 2016 à 9h30
Questions orales sans débat — Création d'un vice-rectorat à saint-martin

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaDaniel Gibbes :

Je regrette l’absence de la ministre de référence, mais je compte sur vous, monsieur le secrétaire d’État, pour apporter une réponse précise à ma question.

Dans le cadre de la réforme territoriale, la nouvelle géographie de l’Éducation nationale a pris effet au 1er janvier 2016. Outre-mer, où plus d’un demi-million d’élèves sont scolarisés, cette organisation se décline en quatre académies, quatre vice-rectorats et deux services de l’éducation. Ex-commune de Guadeloupe, la collectivité d’outre-mer de Saint-Martin – 10 000 élèves – demeure la lanterne rouge des politiques éducatives orchestrées par le rectorat de Guadeloupe, dont elle continue à dépendre, quand les collectivités d’outre-mer de Saint-Pierre-et-Miquelon – 1 500 élèves – et de Wallis-et-Futuna – 4 000 élèves – bénéficient quant à elles respectivement d’un service de l’éducation rattaché à Caen et d’un vice-rectorat digne de ce nom.

Violence, illettrisme, retard scolaire, classes surchargées, enseignants en sous-effectifs, résultats en baisse aux examens : la situation scolaire empire, rentrée après rentrée, à Saint-Martin, alors que si l’on s’en donnait les moyens, l’île, avec ses 93 % d’élèves anglophones, aurait tous les atouts pour devenir un territoire français d’exception.

D’ailleurs, malgré cet isolement, les acteurs de l’éducation à Saint-Martin sont parvenus à mettre sur pied des enseignements spécifiques dans le domaine du tourisme et de la valorisation du territoire et se montrent innovants dans la prise en charge particulière des élèves en grande difficulté ou en situation de handicap.

Malgré les bonnes volontés, que ce soit en matière de ressources humaines, de projet académique, de formation ou de remplacement des professeurs absents, le faible service de l’éducation de Saint-Martin montre quotidiennement ses limites, avec de lourdes conséquences pour les 10 000 élèves de Saint-Martin, dont 80 % sont scolarisés en éducation prioritaire.

C’est bien dans l’intérêt des élèves, donc des jeunes, c’est-à-dire de l’emploi et du devenir du territoire, qu’il paraît nécessaire et urgent de créer enfin un véritable vice-rectorat à Saint-Martin. Ce vice-rectorat permettrait notamment la mise en place d’une véritable stratégie d’application de la politique éducative nationale et une réelle gestion des personnels et des établissements.

La situation actuelle ne peut plus durer. Les conséquences d’une administration, d’un centre décisionnel, d’une gestion, d’une politique éducative obsolètes, inadaptés et éloignés sont nombreuses, et ce sont nos élèves qui en payent les frais : plus de 55 % des jeunes de 17 ans sont en grande difficulté de lecture et plus de 30 % de nos jeunes sont au chômage.

Il est grand temps que la France considère tous ses territoires, sans exception. Le Gouvernement peut-il créer au plus vite ce vice-rectorat, dans l’intérêt de l’ensemble des acteurs de l’éducation de l’île ?

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion