Intervention de Bernard Bajolet

Réunion du 5 avril 2016 à 14h00
Mission d'information sur les moyens de daech

Bernard Bajolet, directeur général de la sécurité extérieure, DGSE :

Le recrutement se fait essentiellement par la propagande, qui est une arme tout à fait essentielle. Daech est très organisé, avec une espèce de « ministère de l'information », comprenant quatre organes officiels principaux : Al-Furqan, Al-Itissam, al-Hayat et Al-Ajnad, qui diffusent beaucoup, avec des ramifications, une infographie soignée, et tout cela en plusieurs langues ; plus d'une centaine de produits de propagande par mois, mis en oeuvre par les comités médiatiques régionaux.

À propos des centrales nucléaires, je vous répondrai que tous les objectifs sensibles peuvent être visés par Daech. Dans ce contexte, les centrales doivent évidemment requérir notre attention vigilante. Voilà où nous en sommes.

Je vous confirme que Daech utilise des hackers, sans avoir pour autant, pour le moment, des capacités équivalentes à celles d'un État. En revanche, je ne pourrai pas vous parler de nos propres capacités, pas plus que de ce que nous représentons en Syrie ou ailleurs. Vous vous en doutez bien.

Ensuite, je n'ai aucune indication sur l'implication d'éléments en provenance de Syrie ou d'Irak, dans les évènements qui se passent en Azerbaïdjan – malgré un certain nombre d'interférences étrangères.

Maintenant, sachez que les financements privés font l'objet d'une grande attention et d'une coopération au sein du GAFI – groupe d'action financière – et au sein des institutions financières, pour éviter justement que les banques privées ne participent d'une façon ou d'une autre au financement de Daech.

Je vous précise que tous les califes ne sont pas morts de mort violente. Mais on peut toutefois observer une espèce de recul culturel et politique au cours de ces 12 derniers siècles. Il se trouve en effet que Raqqa était l'endroit que le calife Haroun-al-Rachid avait choisi pour construire une ville nouvelle. Charlemagne envoya à celui-ci ses ambassadeurs, dont l'un était un marchand juif de Verdun prénommé Isaac. Ceux-ci se rendirent à Bagdad, mais on leur dit que le calife était à Raqqa. Ils allèrent à Raqqa où le calife leur offrit le fameux éléphant blanc appelé Aboul Abbas qui fut ensuite envoyé à Charlemagne. On était alors dans une époque de dialogue et de diplomatie…

Je terminerai sur le degré d'adhésion des populations. J'ai constaté que toutes les personnalités éminentes de l'islam rejetaient complètement l'approche de Daech, qui n'a rien à voir avec l'islam. Je ne sais pas ce qu'en pense la rue. Malgré tout, nos collègues des pays arabes ou les dirigeants de ces pays avec lesquels nous discutons nous ont appris qu'en effet la propagande touchait une partie de la jeunesse, mais pas la très grande majorité de la population.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion