Intervention de Bernard Bajolet

Réunion du 5 avril 2016 à 14h00
Mission d'information sur les moyens de daech

Bernard Bajolet, directeur général de la sécurité extérieure, DGSE :

Le trafic d'êtres humains est une des activités de Daech, aussi bien en Syrie qu'en Libye, mais elle semble ne lui rapporter que quelques millions de dollars. Ce n'est pas très important, mais Daech tire profit de tout.

Le trafic d'antiquités est une source plus importante de revenus, que ce soit en Irak ou en Syrie – Apamée ; Palmyre ; Doura Europos, un site sélucide ; Mari, un site sumérien du IVe millénaire avant J.-C. ; Ebla, un site du IVe millénaire avant J.-C., près d'Hama. Les gens de Daech se livrent à des fouilles sous le contrôle d'une sorte de « directeur des antiquités », et privilégiant les objets de petite taille, qu'ils peuvent revendre.

Ils procèdent de façon essentiellement opportuniste. Il n'y a pas de politique financière. Il n'y a même pas de politique fiscale cohérente et rationnelle. Les impôts prélevés varient d'une ville à l'autre ; il y a des impôts sur le transport des biens, dont le taux peut varier, même s'il est en général de 20 % ; il y a des taxes sur les marchandises, qui ne sont pas les mêmes pour les Chrétiens que pour les autres. À Raqqa, un impôt spécial, ou djizia, est prélevé sur les Chrétiens ; il est de 4 dinars or – ce qui fait 795 dollars – par an. De la même façon, Daech ayant mis la main sur des terrains agricoles très fertiles en Syrie, prélève une taxe qui n'est pas la même sur les terres irriguées et non irriguées, etc. Tout cela se cumule.

Il y a une certaine décentralisation dans la gestion de ce soi-disant État qui n'est d'ailleurs ni État ni islamique. Encore une fois, c'est une gestion extrêmement opportuniste.

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