Je compléterai ces propos avec un ordre de grandeur. On estime aujourd'hui que Daech produit en Syrie 10 000 barils par jour, ce qui équivaut à 500 000 tonnes. La consommation de la France est de 75 millions de tonnes, sans parler du reste l'Europe. La production de Daech est donc négligeable par rapport aux besoins mondiaux.
En ce qui concerne la traçabilité, les pétroles bruts ont des caractéristiques différentes. On distingue l'Arab Light, l'Arab Heavy, le Kirkuk ou le Basrah, dont la teneur en soufre et la densité seront différentes. On fait même des courbes de distillation pour savoir quel produit est tiré. Il est absolument nécessaire pour les pétroliers de savoir exactement ce qui est acheté, car une différence de valeur d'un dollar par baril a de grandes conséquences. Même sans considération pour Daech, il est absolument nécessaire de savoir ce que l'on achète. Cette traçabilité existe donc et les qualités des différents champs de pétrole dans le monde sont connues.
S'agissant de la formation, je me rappelle que dans mes plus jeunes années, nous recevions une formation tous les ans au cours de laquelle on nous rappelait les grands principes de la société, qui se terminait par une interrogation écrite. Aujourd'hui les choses se font par internet, en prévoyant que les acheteurs ont l'obligation de répondre, afin de les obliger à se plonger chaque année dans les méthodes de contrôle du suivi des procédures. Nous sommes obligés de régulièrement assurer la formation de nos employés au respect des procédures. Et bien sûr, les patrons des bureaux de trading vérifient les transactions.