Un certain nombre de recrutements, y compris depuis des pays plus éloignés que le Moyen-Orient – en particulier en Afrique du Nord – se font dans les régions rurales pauvres, oubliées des pouvoirs publics et des littoraux. Dans certains pays, ces zones ont eu la sensation d'être le carburant de révoltes, de révolutions et de changements, et ne pensent pas avoir été écoutées, soutenues ou valorisées.
Dès lors que l'on a la capacité de fournir un salaire, comme c'est le cas de Daech, les capacités de recrutement sont évidentes, surtout dans des zones où le chômage des jeunes est considérable.
Une grande partie des drogues produites sur la planète vient des cultures agricoles. Dans plusieurs endroits de l'est syrien ou du nord de l'Irak, des champs de culture de drogue ont été rasés, dans la volonté d'interdire la consommation de drogues. Ces zones agricoles n'étaient pas forcément entièrement couvertes de plantes destinées à une production illicite, elles pouvaient également contenir des cultures alimentaires, mais tout a été rasé sans distinction, ce qui a pu réduire les surfaces agricoles.
Si les proportions sont différentes, des produits agricoles et céréaliers font aussi l'objet de trafics transfrontaliers. Il faut considérer les volumes en jeu : si les habitants de cette région du monde consomment en moyenne 200 kilogrammes de pain par an et que l'on estime que les territoires contrôlés par Daech comptent 10 millions d'habitants, cela représente un million de tonnes de blé. Ce volume est assez proche de la production locale, les besoins à l'import ne sont donc pas colossaux et il est même possible, si la récolte était bonne, d'exporter un peu.
Mais si la production céréalière et agricole dans ces territoires s'affaisse, ce qui est probable en temps de guerre, la facture à l'importation sur un bien alimentaire vital va devoir être financée : 1 million de tonnes de blé, sachant que le prix de la tonne oscille entre 150 et 200 dollars. Cela renvoie à la problématique pétrolière.
S'agissant enfin du commerce des matières agricoles, il existe des règles, comme dans l'industrie pétrolière, et beaucoup d'opérateurs sont très vigilants à l'égard des flux dans ce bassin de consommation important.