Et pourtant, il faut rappeler qu’il a été précédé par de nombreux textes sur la sécurisation de l’emploi en 2013, sur la formation professionnelle, l’emploi et la démocratie sociale ainsi que sur le développement et l’encadrement des stages en 2014, et sur le dialogue social et l’emploi en 2015. Il faut le reconnaître, il fallait bien un quinquennat pour amener l’ensemble de ces réformes et aboutir au texte que nous examinons aujourd’hui !
Nous devons quand même être interpellés par l’ampleur prise par la contestation. Elle s’est exprimée, tant sur les réseaux sociaux, avec cette fameuse pétition que l’on ne peut écarter d’un simple revers de la main, même si le procédé interroge, que dans la rue. La position des partenaires sociaux a évolué, certains d’entre eux ayant décidé de soutenir le texte après que des modifications ont été apportées ; mais celles-ci ont braqué le patronat, pourtant acquis à la première version du texte.
Ce projet de loi aura eu le mérite de réveiller les consciences et démontré que nos concitoyens, bien qu’ils se détournent peu à peu des élections et rejoignent le camp de l’abstention, sont malgré tout intéressés par la politique. À cet égard, les événements qui se déroulent depuis plus d’un mois, chaque nuit, dans plus d’une soixantaine de villes, doivent nous questionner. On peut critiquer la méthode et on doit condamner fermement les violences d’une minorité constituée de casseurs. Mais on ne peut fermer les yeux sur le mouvement de « Nuit Debout », qui reste une agora, un forum politique hors de nos enceintes parlementaires. Finalement, la démocratie se construit par le peuple, pour le peuple.
Et chaque nuit, que nous disent ces jeunes ? Ils nous disent qu’ils ont peur ; qu’ils ont peur pour leur avenir ; qu’ils ont peur de ne pouvoir vivre décemment, de ne pouvoir survivre, allant de stages en stages et de CDD en CDD. Ils ont peur parce que leurs diplômes ne les forment pas ou plus forcément à un emploi stable et pérenne. Ils ont peur parce qu’avec un CDD, les banques, les assurances et les bailleurs se méfient d’eux ; l’obtention d’un prêt pour l’achat d’un logement leur devient très difficile. Leur futur leur semble tout, sauf un long fleuve tranquille.
Ces craintes sont légitimes. Le chômage de nos jeunes concitoyens est élevé. Les perspectives d’avenir sont assombries, alors que nous avons une jeunesse dynamique, qui veut réussir. Face à ces débats et à ces discussions, nous devons écouter ce qui se dit et ce qui se fait.
C’est après des semaines de déclarations, de pas en avant et de pas en arrière, de chantage, notamment – il faut le dire – de la part du MEDEF, que nous nous apprêtons à examiner ce texte en séance. On pourrait évoquer l’erreur, d’ailleurs reconnue par le Premier ministre et vous-même, madame la ministre, que constitue le manque de communication et d’explication autour de ce projet de loi.