Intervention de Renaud Gauquelin

Réunion du 4 mai 2016 à 10h45
Commission des affaires sociales

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaRenaud Gauquelin :

On ne peut accepter que les centaines de milliers de fibromyalgiques diagnostiqués, sans compter ceux, sans doute très nombreux, pour lesquels le diagnostic est en cours, fassent l'objet d'un traitement social et sanitaire différencié selon les régions, les humeurs ou les positions personnelles des médecins-conseils. À défaut d'un travail scientifique qui ne relève pas directement de nous, un travail social est donc nécessaire s'agissant d'une maladie qui concerne de très nombreux Français, notamment, pour des raisons que l'on ignore, des femmes, souvent jeunes, et dont les conséquences sur leur vie professionnelle comme sur les finances de la sécurité sociale sont majeures.

Dans cette démarche, nous devrons éviter deux écueils.

D'abord, prendre la place des médecins, même s'il y en a plusieurs dans notre commission : notre position de législateur n'est pas médicale, mais sociale. L'enjeu est de respecter la dignité des personnes concernées, ainsi que l'égalité entre elles sur tout le territoire.

Ensuite, oublier que nous n'avons pas affaire à une maladie mais à un syndrome, c'est-à-dire à une association de symptômes concordants. Nous, médecins généralistes, savons bien que, lorsque nous adressons les malades à un rhumatologue, à un neurologue, à telle ou telle équipe, le diagnostic peut être posé, mais aussi récusé. Dans ce dernier cas, la prise en charge en pâtit, le patient se sentant alors considéré comme hypocondriaque, voire manipulateur, dépressif ou anxio-dépressif – puisque quand on ne sait pas, en médecine, on renvoie généralement à une cause nerveuse ou virale ! Pourtant, il existe bien une entité médicale derrière ce qui, en attendant d'être considéré comme une maladie, n'est qu'un syndrome, et ne peut à ce titre être pris en charge comme ALD, mais uniquement comme pathologie hors liste, selon le bon vouloir du médecin-conseil. Pour ces raisons, il nous faut associer à notre démarche toutes les catégories professionnelles concernées : les médecins de la sécurité sociale, les neuropsychiatres, les neurologues, les physiologistes, les biologistes – puisque l'on trouve certains symptômes biologiques parmi les rares symptômes qui peuvent orienter vers le diagnostic de fibromyalgie, lequel ne peut être tiré d'aucune radiographie, scanner ou IRM – ainsi que les médecins généralistes, quotidiennement confrontés au phénomène. Il faudra y songer au moment d'établir la liste des personnes auditionnées.

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