Votre question est inquiétante, si je puis me permettre. De quelle limite parlez-vous ? Y a-t-il une frontière entre la lutte contre le terrorisme et la lutte contre la criminalité ? Non, justement. Ce que montrent les attentats perpétrés à Bruxelles, c'est la porosité entre la criminalité et le terrorisme : ces tueurs sont des criminels qui se sont radicalisés en quelques mois, phénomène en soi vertigineux. De quoi faudrait-il séparer les renseignements portant sur les terroristes ? Des informations à propos des casseurs et des anarchistes ? Est-ce vraiment pertinent ? Olivier Roy, partant du fait que 52 % des candidats au djihad en France sont issus de familles d'origine chrétienne, a élaboré la thèse selon laquelle nous assistons non pas à une radicalisation des musulmans, mais à une islamisation des radicaux. Autrement dit, des personnes qui, en d'autres temps, auraient été des anarchistes prêts à commettre des attentats suicides adhèrent aujourd'hui à l'idéologie de l'islam radical.
Si l'on ne sait pas faire de différences dans le caractère partageable des renseignements, c'est qu'il y a un loup. Nos institutions ne sont pas claires et nos lois ne sont peut-être pas aussi protectrices pour le citoyen qu'elles devraient l'être.