Oui, cher Jean Glavany, il y a une dynamique sur le terrain en Libye. Il n'y a maintenant plus qu'un gouvernement. Évidemment, il faut le consolider. Il prend aujourd'hui le contrôle de la banque centrale, ce qui n'est pas rien – la question financière est essentielle, en particulier dans ce pays –, et également de la compagnie nationale pétrolière. Je ne reviens pas sur la période Kadhafi, mais beaucoup de choses étaient réglées par une politique de redistribution. Son interruption a contribué au désordre. Le contrôle des ressources de l'État est donc essentiel. C'est la première étape.
La Tunisie, pour sa part, a rouvert immédiatement une ambassade, pour envoyer un signal politique. Malheureusement, les locaux actuels de l'ambassade de France ne sont pas utilisables, en l'état, surtout, parce qu'ils ne sont pas sécurisés de façon satisfaisante. Or la sécurité est cruciale. Nous avons donc évoqué, avec le Premier ministre Fayez el-Sarraj, de nouveaux locaux. Les Libyens vont nous aider et M. Steinmeier, avec qui j'ai fait ce déplacement, et moi-même envisageons la possibilité de locaux communs, pour rétablir rapidement une présence.
Je n'ai pas de commentaires à faire sur la présence de forces spéciales en Libye. Les forces spéciales dépendent du ministre de la défense, Jean-Yves Le Drian. Je fais toute confiance au ministre de la défense pour vous répondre.
Monsieur Lellouche, je comprends votre point de vue, mais il faut quand même tirer les leçons du passé – cela ressort de mes discussions. Tout le monde est d'accord, il faut avant tout un gouvernement en Libye qui puisse réunir toutes les forces du pays. N'oublions pas les erreurs de 2011, avec ces frappes aériennes de l'OTAN qui n'ont été suivies d'aucune initiative politique et ont laissé place au chaos. Nous ne pouvons pas refaire la même chose.
Un problème sécuritaire se pose, mais ce pays que vous connaissez tous bien – certains d'entre vous s'y sont rendus – sera plus vigilant que jamais face au risque d'une ingérence étrangère. Je l'ai constaté lors de mes deux rencontres avec M. Fayez el-Sarraj, et lors de nos échanges téléphoniques.