Intervention de Julien Aubert

Séance en hémicycle du 11 mai 2016 à 15h00
Questions au gouvernement — Avenir de la filière des cerises

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJulien Aubert :

Mon collègue Patrice Verchère s’associe à ma question. Monsieur le Premier ministre, le temps des cerises touche à sa fin, du moins en France. Je ne vous parle pas du recours à l’article 49.3, mais d’un problème beaucoup plus grave. Depuis le 1er février 2016, vous avez définitivement interdit en France le diméthoate, un pesticide utilisé dans la culture de cerises, au nom d’impératifs sanitaires. Malheureusement, en l’absence de traitement alternatif immédiat, la production française, dont une grande partie est issue du département de Vaucluse, risque d’être laminée sous les attaques des parasites, et notamment de la mouche asiatique.

Ma question porte sur l’avenir de la filière agroalimentaire qui, logiquement, s’implante à côté des lieux de production. Votre décision frappe indistinctement la culture de la cerise rouge de table et de la cerise blanche, dite bigarreau, destinée à la transformation industrielle. Les industriels sont extrêmement inquiets : ils pourront importer des cerises blanches turques, mais traitées au diméthoate et évidemment plus chères. Autant se délocaliser en Turquie ! Aujourd’hui, une délégation est reçue à Matignon et à Bercy, pour une réunion de la dernière chance. Les industriels demandent que le produit puisse être utilisé dans la production de cerises blanches qui sont destinées à 100 % à la transformation. Pour cette catégorie de cerises, contrairement à la cerise rouge de table qui nécessite davantage d’interventions, le traitement au diméthoate n’est prodigué qu’une seule fois. Et les tests prouvent qu’il n’y a plus aucune trace de pesticide dans le produit transformé. Puisqu’il n’y a donc aucun danger pour les consommateurs de fruits confits et de cakes, il faut traiter différemment les cerises blanches. C’est du bon sens !

Dans le Pays d’Apt, réputé pour ses fruits confits, l’impact de cette interdiction est évalué à un millier d’emplois directs et indirects, et la perte d’investissements dans l’outil de fabrication s’élève à plusieurs millions d’euros. Monsieur le Premier ministre, allez-vous presser les cerises jusqu’à ce que les pépins craquent ? Les industriels sont inquiets car contrairement aux agriculteurs, ils ne peuvent bénéficier d’aucune indemnisation : celles-ci seraient alors considérées comme des aides d’État, illégales dans l’Union européenne. En Provence, on cultive le bon sens. Connaissez-vous l’expression : « C’est l’exception qui confirme la règle » ?

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