Je suis très heureux d'être parmi vous aujourd'hui et de retrouver celles et ceux – en particulier Nicole Ameline et Sandrine Mazetier – qui ont mené avec moi le combat pour l'égalité réelle entre les femmes et les hommes. Je m'excuse par avance de devoir vous quitter avant la fin de cette table ronde, mais je souhaite rentrer chez moi pour coucher mes fils de deux ans et quatre ans. Vous le voyez, un député aussi peut vouloir concilier sa vie personnelle et sa vie professionnelle ! (Applaudissements). N'y voyez rien de glorieux : je ne serai pas en famille pour le dîner… D'ailleurs, en matière de répartition des tâches familiales, les pères amènent souvent les enfants à l'école, mais ne vont pas les rechercher, car il est plus contraignant d'aller récupérer ses enfants le soir et de devoir éventuellement interrompre une réunion professionnelle. Mais vous connaissez tout cela par coeur…
Au demeurant, si mes collègues femmes m'ont sollicité pour être le rapporteur de la commission des Lois sur le projet de loi pour l'égalité réelle entre les femmes et les hommes, c'est parce que ce combat doit aussi être porté par les hommes : il s'agit d'un combat de toute la société, car faire progresser la cause des droits des femmes fait progresser celle des hommes qui eux-mêmes sont enfermés dans un certain nombre de stéréotypes.
À mon tour, je vais vous raconter des anecdotes dont j'ai été témoin depuis que je suis député. Je me trouvais aux côtés de Véronique Massonneau après minuit dans l'hémicycle lorsque celle-ci fut interrompue dans sa prise de parole par des caquètements provenant de l'un de nos collègues, au demeurant fortement éméché. Par ailleurs, je ne compte plus le nombre de fois où j'ai repris certains de mes collègues qui s'acharnaient à vous appeler « Madame le président », lorsque vous présidiez la séance publique, chère Sandrine Mazetier. De la même manière, combien de fois ai-je entendu Mme la ministre des droits des femmes interpellée sous l'appellation masculine de sa fonction ? Il est regrettable que de tels incidents sexistes perdurent à l'Assemblée nationale en ce début de XXIe siècle.
Une dernière anecdote, si vous me le permettez. Hier, vous-même, chère Catherine Coutelle, présidente de la Délégation aux droits des femmes, Mme Maud Olivier, que tout le monde connaît ici pour avoir été rapporteure de la loi de lutte contre le système prostitutionnel, et moi-même revenions de l'Élysée où nous avions assisté à la cérémonie d'installation du nouveau Haut Conseil à l'égalité entre les femmes et les hommes (HCEfh), sous le haut patronage du Président de la République. Arrivés à l'entrée du 33, Quai d'Orsay, un huissier nous a ouvert la porte en s'adressant à moi ainsi : « Monsieur le député », puis « Qui sont ces dames ? » (Sourires.) Cette petite histoire nous a plutôt fait sourire : cet agent – qu'il faut, bien sûr, excuser car il est nouveau dans cette maison – n'a pas imaginé que les dames qui m'accompagnaient pouvaient elles-mêmes être députées, dont l'une l'est depuis 2007, ce qui n'est pas mon cas.
Enfin, en plus des anecdotes que vous avez racontées, madame Bachelot-Narquin, le livre de Charlotte Rotman en égrène beaucoup d'autres qui sont très révélatrices d'un sexisme ordinaire.
Voilà pour le diagnostic, certes, différent – et heureusement – de celui du début de la Ve République à l'Assemblée nationale, mais révélateur de la persistance de ces pratiques machistes.