Je suis présidente d'une association de femmes d'entreprise et conseillère municipale. Comme maire adjointe en charge des ressources humaines d'une ville de 43 000 habitants, mon indemnité était de 1 200 euros par mois pour gérer 750 agents municipaux et un budget de 30 millions d'euros. J'ai trouvé cela très lourd et insuffisamment reconnu : c'était quasiment un travail à temps plein, inconciliable avec un emploi salarié. J'ai aussi découvert un management très conservateur, étant quasiment la seule adjointe à m'exprimer, ce qui étonnait d'ailleurs le maire, parmi douze adjoints tous issus de professions libérales ou du secteur privé, qui avaient pour partie choisis en fonction de la liberté de leur agenda.
Vous l'avez compris : si les femmes s'engagent peu dans des mandats locaux, c'est parce que le statut de l'élu n'est pas suffisamment encadré et sécurisé. Un mandat est très chronophage – il faut y consacrer des week-ends entiers, organiser des élections, des mariages, des réunions du soir, etc. –, ce qui n'incite pas les femmes à s'engager. Pourquoi ne pas s'inspirer de l'Allemagne, où un maire de ville moyenne est entouré de trois ou quatre adjoints rémunérés entre 3 000 et 4 000 euros et qui ont l'obligation d'abandonner leur activité professionnelle pour se consacrer totalement à leur mandat en gérant eux-mêmes les services municipaux ?
En définitive, il faudrait moins d'élus en France et des mandats mieux reconnus, et mieux indemnisés, pour encourager les femmes à s'engager dans des mandats locaux.