J'ai cinquante-sept ans et suis nouvellement arrivée en politique avec plein d'envies et d'espoirs. J'ai une expérience professionnelle et un engagement syndical antérieurs. Je suis arrivée à l'Assemblée nationale avec l'espérance d'une même parole pour les hommes et les femmes. Et j'ai reçu cet accueil surprenant dans l'hémicycle. Quelle n'a pas été ma surprise en entendant des caquètements dans l'hémicycle alors que je défendais un amendement sur la loi relative aux retraites. J'ai été tellement surprise que je n'ai pas eu de réaction immédiate, j'étais dans la stupéfaction. Heureusement, la réaction du président de séance, M. Claude Bartolone a été immédiate : interruption de la séance, réunion de la conférence des présidents puis pénalisation financière du député en cause. J'ai reçu le soutien de nombre de députés dont beaucoup d'hommes qui étaient aussi très surpris.
Cet incident a donné une image négative de la représentation nationale et m'a rendue célèbre alors que par ailleurs j'avais travaillé sur beaucoup de sujets. Résultat : j'ai fait tous les plateaux et défendu l'égalité et le respect.
Je viens du secteur privé et je connais les difficultés pour une femme de devenir adjointe au maire. Pour satisfaire aux obligations de parité, on est venu me proposer cette fonction avec au choix les espaces verts, parce que je suis écologiste, et la vie scolaire, parce que je suis une femme ! Les femmes sont trop rarement dans les fonctions régaliennes.
J'ai éprouvé des difficultés pour exercer toutes ces fonctions et dû prendre des jours de congé pour exercer mon rôle d'adjointe. Le parti politique auquel j'appartiens a mis la parité en interne dans le parti et dans les élections, y compris pour les têtes de liste. Nous avons trois femmes à la tête d'une région et six dans les départements. Ma circonscription est réservée aux femmes, la parité est vécue dans tous les domaines chez les verts.
Quelques exemples des difficultés rencontrées : j'étais invitée sur Europe 1 pour un débat avec les auditeurs sur la parité et j'ai entendu des choses incroyables à tel point que je me suis demandé si les auditeurs n'avaient pas été sélectionnés. On remettait en cause ma compétence, comme femme j'étais dépourvue d'autorité et n'étais pas à ma place, il ne fallait pas féminiser les fonctions électives. À la fin, je me suis énervée pour faire valoir mes droits, ce qui n'était sans doute pas une bonne réaction.
Je me suis rendue dans des collèges et des écoles où seuls les garçons s'exprimaient, j'ai eu l'impression d'une certaine régression. Peut-être les femmes plus jeunes n'ont-elles pas la même hargne que les précédentes ? Moi, j'étais dans un terreau favorable. Notre combat doit être quotidien, travaillons pour le scrutin binominal pour les prochaines législatives, votons des lois pour la parité !