J’aimerais dire à notre collègue Laurent que les violences auxquelles nous avons pu assister hier sur nos écrans de télévision ne sont pas les premières – M. le ministre de l’intérieur l’a souligné tout à l’heure en rappelant l’épisode du CPE – et que ce n’est pas l’état d’urgence qui les empêchera. Nous devons être les premiers à les condamner.
Aujourd’hui, on essaie de mithridatiser notre pays, qui va peu à peu s’habituer à l’état d’urgence, à un état d’exception permanent, en écornant un certain nombre des principes qui ont fondé notre pacte républicain. C’est la raison pour laquelle nous nous opposons avec tant de force à cette prorogation de l’état d’urgence, qui n’est que le maquillage, le brouillard cachant la réforme du code de procédure pénale à laquelle nous nous sommes opposés.
M. le ministre de l’intérieur peut toujours, devant l’Assemblée nationale, devant ces bancs, nous traiter d’irresponsables sans nous nommer parce que nous n’avons pas voté un certain nombre de lois supposées lutter contre le terrorisme. Nous avons constaté que leur effet est de minoriser l’état de droit. Or nous savons que pour nous défendre, nous devons d’abord protéger nos libertés.
Je suis originaire de Gironde, du pays de Montesquieu, qui affirmait que pour éviter les abus de pouvoir, il fallait mettre en place les conditions permettant au pouvoir d’arrêter le pouvoir. Ce principe, vous l’avez oublié : le juge judiciaire ne sera désormais plus compétent. Vous avez fait reculer l’État de droit. C’est la raison pour laquelle nous voterons avec détermination contre cette prorogation, comme nous l’avons fait lorsque vous avez demandé une première prorogation de trois mois.