Vous savez aussi, mes chers collègues, qu'il n'a jamais été question d'en changer les règles dans le cadre du mariage des personnes de sexe différent. Vous n'aviez que les mots « échecs de l'adoption » à la bouche en commission. Connaissez-vous des histoires humaines écrites d'avance ? Parle-t-on d'échec du lien biologique dans les dysfonctionnements familiaux dont regorgent les faits divers ? Il faut une telle détermination pour un projet d'adoption qu'on peut penser que tous ces couples hétérosexuels ou homosexuels ont de grandes ressources pour accompagner les enfants vers l'âge adulte.
L'adoption n'est pas une affaire de marché d'offre et de la demande mettant en compétition des couples en fonction de leur orientation sexuelle, mais une affaire de parents sur un pied d'égalité. Jamais les couples de même sexe souhaitant adopter n'ont eu l'intention malsaine de faire croire à un enfant qu'on pouvait naître biologiquement de deux mamans ou de deux papas, mais seulement qu'on pouvait grandir entre deux papas et deux mamans.
Craignez-vous que l'orientation sexuelle des enfants soit orientée ? Mais les homosexuels sont tous enfants d'hétérosexuels. Certes, il est normal de craindre de rajouter à l'histoire personnelle d'un enfant adopté par un couple homosexuel une différence supplémentaire à assumer ; mais les différences sont légion dans les familles adoptives : couleur, handicap, religion, niveau social, et l'enfant s'adapte, règle ces questions avec l'affection et l'éducation qu'il reçoit.
Avant de suspecter les homosexuels de dissimulation, balayons devant notre porte ! La révélation de l'adoption est une pratique relativement récente chez les familles hétérosexuelles ; la rédaction des livrets de famille témoigne encore d'un mensonge d'État en déclarant les enfants adoptés nés de leurs parents adoptifs, et 70 % des PMA sont secrètes.
Notre arsenal législatif autour de la famille a besoin d'un sérieux toilettage pour s'adapter à des conceptions de la famille qui ont changé. Il est temps de rappeler aux autodéclarés gardiens d'un supposé ordre naturel que c'est aux élus de la nation qu'il convient de dire la loi au nom du peuple français. Soyons fiers de siéger ici aujourd'hui ! (Applaudissements sur les bancs du groupe SRC.)