Intervention de Catherine Quéré

Séance en hémicycle du 30 janvier 2013 à 22h45
Projet de loi ouvrant le mariage aux couples de personnes de même sexe — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaCatherine Quéré :

Dès lors, qui serait autorisé à distinguer ceux qui ont le droit de s'aimer et ceux qui ne l'ont pas ? La société doit donner à tous la liberté de s'unir officiellement.

Oui, le texte sur le mariage pour tous consacre l'égalité des droits qui est, pour moi, une évidence républicaine. C'est le sens de notre engagement politique que de faire avancer la législation vers plus d'égalité. La société bouge, nous avons le devoir de l'accompagner dans cette évolution et d'assurer pleinement l'égalité des droits.

Oui, le texte sur le mariage pour tous accentue la fraternité, valeur fondamentale qui témoigne de la perception que nous avons du lien social, de la solidarité, du regard que l'on pose sur l'autre, loin des discriminations, quelles que soient les différences, et contre toutes les formes de préjugés.

Le mariage est une belle institution, ne cherchons donc pas à le contraindre, ouvrons-le. Nous devons nous réjouir que seul l'amour emprunte ce chemin.

Enfin, comment ne pas parler des enfants ?

Quand la procédure parlementaire est instrumentalisée comme hier, quand la légitimité démocratique de notre assemblée est remise en cause opportunément, et quand certains élus de la nation usent et abusent de mots inappropriés et indécents pour exprimer leurs convictions sur la loi sur le mariage pour tous, je me félicite que les enfants ne regardent pas, n'écoutent pas car certains comportements, certaines attitudes portent délibérément atteinte à l'intérêt de ces enfants.

L'intérêt des enfants ! Voilà l'un des points essentiels de ce texte.

Dans le travail précis et remarquable du rapporteur, au cours des nombreuses auditions, certains intervenants, s'inquiétant des lacunes juridiques de ce texte, se sont émus que la question des enfants ne soit traitée que par voie de conséquence. Selon eux, il aurait peut-être mieux valu interroger seulement les enfants sur l'amour qu'il porte à leurs parents et aux personnes qui les ont élevés. Nous marchons sur la tête !

Je ne m'attarderais ni sur les caricatures de certains d'entre nous, ni sur les évaluations à l'impartialité ambiguë du devenir des enfants élevés et aimés par des couples homosexuels.

Un parent reste un parent et rien n'autorise à penser qu'un enfant d'un couple homoparental grandirait moins bien que les autres.

Ce qui fait souffrir les enfants, c'est le manque d'amour et le regard que la société pose parfois sur eux, et non l'affection d'une famille aimante qui l'a désiré et attendu. Tous les psychologues décrivent ce sentiment d'avoir été désiré par ses parents comme une clé fondamentale du bien-être de l'individu. La clé, c'est donc l'amour et pas l'orientation sexuelle. Supprimons les obstacles qui empêchent enfants et parents de se rencontrer. L'enjeu de la réforme est donc de concilier l'intérêt de l'enfant et le désir bien compréhensible de parents qui souhaitent donner tout leur amour.

J'insiste enfin sur le devoir que nous avons de permettre à la société d'accepter tous ses enfants et de leur permettre de s'épanouir comme ils sont, sans qu'aucun préjugé, sans qu'aucune idée toute faite ne vienne fragiliser leur développement. Les évolutions de la société qui, par moments, sont bien plus rapides que celle du droit, nous obligent, nous législateurs, à nous positionner rapidement, afin d'éviter des discriminations condamnables et des situations préjudiciables à l'enfant.

Mesdames les ministres, je serai très fière de voter cette loi et de siéger à gauche de l'hémicycle, à vos côtés, mes chers collègues (Applaudissements sur les bancs du groupe SRC.)

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