…qu'elle n'avait pas, chevillée au corps, cette lutte qui, bien sûr, lui aurait été plus encore fatale. Drôle de courage que celui de l'après-campagne qui l'anime ici !
Le projet du Gouvernement a bien fait d'ouvrir également la possibilité d'adopter des enfants aux personnes de même sexe. Derrière le mariage, mes chers collègues, il peut y avoir le désir, fort, de créer une famille. La loi ne pouvait se dispenser d'aborder la question de l'adoption. Et c'est en pensant prioritairement à l'intérêt de l'enfant que le Gouvernement a lié la question de l'adoption à celle du mariage des personnes de même sexe. Pourquoi ? Parce qu'indépendamment du désir d'enfant, de nombreux enfants grandissent élevés par deux parents de même sexe, soit parce que le couple élève les enfants que l'un des partenaires a eus d'une précédente union hétérosexuelle, soit parce que l'un des membres du couple a adopté un enfant, l'adoption par une personne seule étant possible en droit français. Enfin, parce qu'il n'y a plus de raison de refuser aux personnes de même sexe ce que l'on accorde déjà aux célibataires.
En revanche, le projet n'aborde pas la question de l'assistance médicale à la procréation, ce qu'avait un temps envisagé le législateur. Cette question, il faut le dire, est une question complexe. Son évocation lors de ces dernières semaines a permis une première réflexion permettant de mesurer l'importance d'une loi qui lui soit dédiée, impliquant étude d'impact et large débat.
Monsieur le président, mesdames les ministres, mes chers collègues, le projet de loi élaboré par la garde des sceaux, Christiane Taubira, est un très beau texte – merci à elle –, un de ces textes qui, à l'instar de l'abolition de la peine de mort en 1981, plus récemment du PACS, est une grande loi de société, comme la gauche a le courage de les porter jusqu'à leur terme, un texte qui, s'il avait été appliqué en Grande-Bretagne au dix-neuvième siècle, aurait peut-être évité qu'Oscar Wilde, écrivain homosexuel persécuté, ne ressente le besoin d'écrire ces mots déchirants dans Le Portrait de Dorian Gray : « Mieux vaut ne pas différer de ses compagnons. »
C'est un texte d'extension des droits dont je peux vous dire que je suis émue et fière de bientôt pouvoir le voter sans réserve, contrairement à l'opposition, dont la démarche d'obstruction me paraît insensée, mais, comme le disait Charles de Gaulle, « ce qui est excessif est insignifiant ».