Je vais essayer de répondre autant que possible.
En réponse à M. Villaumé, je commencerai par rappeler que si nous partageons la même analyse au sujet de la Tunisie, rien n'a pour l'heure été décidé s'agissant de la mise en place d'une coopération militaire. En revanche, nous menons des actions dans le domaine de la sécurité aéroportuaire ou du renseignement dans le cadre de la lutte contre le terrorisme. Concernant la Libye, il existe un engagement européen dont découle une coopération entre nos deux pays. La France a suggéré d'élargir le rôle et les attributions de l'opération Sophia, que les autorités britanniques examinent, notamment du point de vue de l'impact sur la lutte contre le trafic d'armes en Méditerranée et sur une amélioration de la gestion des flux migratoires. Ce débat doit avoir lieu à Bruxelles, mais nous soutenons la proposition de la France sur le renforcement de cette opération.
Par ailleurs, nous pensons qu'étendre la portée de cette opération pourrait assurer une meilleure coopération et une coordination plus efficace entre l'Union européenne et l'OTAN. Il convient également de s'interroger sur l'amélioration de la coordination de nos activités en Libye et en Méditerranée. Le mécanisme de coordination mis en place en Italie constituera un pas en avant mais nous pouvons plus. Nous étudions actuellement la question avec les services français.
Puisque nous parlons de la situation en Afrique, j'en profite pour rappeler que nous menons des actions dans le Sahel et au Nigeria. Dans le Sahel, où la France est déployée de manière très importante, nous avons apporté une aide logistique en matière de transport aérien. Au Nigeria, nous avons mis en place une mission d'entraînement, qui mobilise trois cents militaires, en vue de former les forces nigérianes.
J'en viens à présent aux questions relatives à la stratégie globale de l'Union européenne. Nous soutenons le travail réalisé par Mme Mogherini et pensons que le document à paraître, probablement fin juin, constitue une opportunité de clarifier l'articulation entre les différents instruments de la politique extérieure de l'Union européenne. Le budget de cette dernière est en effet beaucoup plus important que d'autres organisations, comme l'OTAN par exemple, et pourrait être utilisé comme aujourd'hui pour le développement des pays tiers, mais aussi pour le renforcement de leur situation sécuritaire. Les champs d'intervention de l'Union européenne sont en effet très divers – l'énergie, les migrations, le développement, par exemple – et sont suivis par des équipes différentes, qui n'ont en effet la charge que d'une partie de ces budgets importants. Nous aimerions obtenir une meilleure coordination entre les instruments, qui passe par une meilleure articulation entre la Commission et le Conseil. Au-delà, nous espérons que de nouveaux partenariats pourront être mis en place, par exemple avec des institutions comme l'OTAN, l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe, l'Union africaine ou l'ONU.
Concernant les suites données à la réflexion portée par Mme Mogherini, la rédaction d'un Livre blanc sur les questions de défense a été évoquée, mais dans tous les cas elle n'interviendrait que plus tard dans l'année. Une telle étude devrait être demandée par le Conseil, et nous n'y sommes pas du tout opposés.
S'agissant de l'appel aux partenaires formulé sur le fondement de l'article 42-7 du Traité sur l'Union européenne par le président Hollande à la suite des attaques de novembre dernier, nous avons répondu positivement et avons renforcé notre coopération logistique au Mali et notre présence au nord du Nigeria, comme je viens de l'exposer. Même si nous aurions aimé déployer plus de forces au Mali aux côtés de nos amis français, nous pensons qu'il convient d'attendre le prochain Sommet de l'OTAN à Varsovie en juillet afin de déterminer s'il existe d'autres besoins. Pour le moment, notre soutien se borne à un soutien en matière de logistique et d'entraînement.