Intervention de Jean-François Lamour

Réunion du 18 mai 2016 à 9h30
Commission de la défense nationale et des forces armées

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJean-François Lamour :

Merci Monsieur l'ambassadeur de nous avoir fait cette présentation. J'ai été très sensible en particulier aux encouragements que vous avez prodigués pour que la France baisse son déficit et retrouve ainsi des marges de manoeuvre. Vous avez aussi fait référence à l'effort que nous faisons dans la bande sahélo-saharienne. J'aimerais revenir sur l'aide que vous y apportez. Vous êtes limité à quelques éléments de logistique, relevant essentiellement du transport, parfois du transport de troupes et de matériels. C'est ce que Monsieur le ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, m'a répondu il y a quelques jours quand je l'ai questionné sur le sujet. Estimez-vous que ce soit vraiment suffisant ? Nous dépensons par année 1,2 milliard d'euros en opérations extérieures. Pouvez-vous nous dire combien votre pays dépense en matière d'opérations extérieures ? Alors que vous avez dit vous-même que vous engagez, au travers de votre revue, un effort particulièrement important de 44 milliards d'euros par an, avec une perspective sous une forme de programmation qui est extrêmement importante puisque c'est plus de 200 milliards d'euros d'investissement en armements. Où en êtes-vous donc de votre capacité à projeter vos troupes ? Quels sont les moyens financiers que vous y consacrez ? J'entends bien notre capacité à réduire notre déficit mais, vous le voyez, ces dépenses en opérations extérieures pèsent sur le déficit, que ce soit quand la gauche est au gouvernement ou que ce soit quand la droite y est. Nous y consacrons donc beaucoup de moyens, matériels et humains. J'entends bien une forme d'attentisme de votre part, afin de voir ce que fera l'OTAN dans quelques mois. Nous estimons que nous avons besoin de cette coopération militaire européenne qui se limite au minimum malheureusement, après les déclarations du président de la République à la suite des attentats du 13 novembre. J'aimerais donc bien avoir votre sentiment sur ce décalage entre l'article 42-7 du traité et la réalité du terrain. Pour nous en tout cas, ce sont 3 500 hommes en permanence sur la bande sahélo-saharienne, avec un coût en matériel et en usure de ce dernier qui est extrêmement important et encore une fois, j'entends bien que vous faites de votre côté beaucoup d'efforts et beaucoup d'investissements, tant en matériel qu'en hommes.

Ma deuxième question porte sur le besoin de renforcer la coopération entre nos deux pays. Nous avons eu un certain nombre, si ce n'est d'échecs, en tout cas de résultats assez mitigés, notamment en ce qui concerne la coopération en matière de porte-avions, votre porte-aéronef, avec un système qui n'est pas un système de catapultage alors que nous le préconisons sur notre porte-avions et peut-être sur le futur porte-avion. Je reconnais qu'au niveau industriel, et je suis assez d'accord avec vous sur MBDA, on peut avoir deux politiques assez différentes d'un pays à un autre mais finalement la société marche particulièrement bien. Mais au-delà de cela, quelles pistes préconisez-vous ? Vous avez parlé d'un rapprochement des industriels. Est-ce un rapprochement par projet ou est-ce une fusion des entreprises ? Nous avons un exemple entre la France et l'Allemagne qui concerne le matériel militaire terrestre entre KMW et Nexter. Nous avons une première phase de rapprochement. Mais est-ce dans ce sens que vous entendez le rapprochement ? Est-ce une concentration industrielle ? À ce titre, je reprends les propos de mon collègue Nicolas Dhuicq : il faudra clarifier la position des pays qui participent à ce rapprochement quant aux politiques et en particulier la politique européenne en matière de défense. Et lorsque l'on constate sur la partie dissuasion le tropisme naturel que vous avez à l'égard des États-Unis, il est légitime de se poser des questions sur la volonté réelle de rapprochement industriel.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion