Madame la députée, je me souviens parfaitement de mon déplacement sur place et de l’engagement que j’avais pris – tenu avec M. Jean-Yves Le Drian – d’utiliser les moyens militaires pour restaurer l’ensemble de ce qui avait été détruit par ces inondations torrentielles. Je me souviens très bien, en particulier, de cet abattoir.
Je tiens également à rappeler qu’un membre de votre groupe, Olivier Falorni, préside une mission diligentée à la suite de la diffusion par L214 des images de maltraitance dans des abattoirs. Je suis comptable de tout, en particulier de l’application des règles relatives au bien-être animal. Comme je l’ai dit dans le cadre de cette mission parlementaire, je serai dorénavant très vigilant, en ma qualité de ministre. Malgré les demandes, très souvent formulées sur tous sur tous les bancs de cette assemblée, de créer des abattoirs de proximité, je ne multiplierai par ces équipements, au risque d’encourir des problèmes et des accusations de non-respect des règles de bien-être animal.
Nous avons procédé, dans les 263 abattoirs existants, à une enquête, qui a fait apparaître des manquements encore importants dans 5 % des chaînes. Des progrès restent donc à réaliser dans les abattoirs en matière de bien-être animal.
Le ministre n’en doit pas moins être attentif au fait que l’AOP liée à l’abattoir pourrait être mise en cause – l’animal doit en effet être né, élevé et abattu dans la zone. L’Institut national de l’origine et de la qualité – INAO – a prolongé cette AOP jusqu’en 2018, avec un abattage à Bagnères-de-Bigorre, mais il faut trouver une solution. Ce petit abattoir réalisait une production d’environ 120 ou 130 tonnes, avec des difficultés d’équilibre économique. Compte tenu de la situation actuelle et des règles supplémentaires que nous appliquerons, il est apparu qu’il n’était pas possible de réinvestir aujourd’hui sans risquer un déficit économique et de fonctionnement assez important.
En revanche, comme vous l’avez très justement souligné, madame la députée, on ne peut pas remettre en cause l’AOP liée à cet abattoir. Un travail et des consultations sont donc en cours, auxquels je vous inviterai spécifiquement à participer, afin de trouver une solution pour pérenniser cette AOP, nécessaire à la valorisation d’une production ovine en zone de montagne. Cette production et cette AOP sont effectivement des signes de qualité auxquels je suis très attaché. Nous nous donnons donc deux à trois mois pour préciser les conditions de la pérennisation de cette AOP et pour traiter la question bien réelle de l’abattoir.
Votre demande est pleinement légitime mais réinvestir aujourd’hui dans l’abattoir, dans les conditions qui s’imposeront et compte tenu des engagements que j’ai pris en matière de bien-être animal, nous condamnerait à rencontrer tôt ou tard de grosses difficultés économiques, qui seraient supportées par les collectivités locales.
La question est posée mais il nous faut examiner tous les éléments de ce problème et nous efforcer de trouver la bonne solution, qui passe peut-être par une modification du cahier des charges pérennisant et garantissant cette AOP, qui est, à mes yeux comme aux vôtres, très importante pour la valorisation de cette production agricole.