Monsieur le secrétaire d’État chargé des transports, c’est la troisième fois que, dans cet hémicycle, j’appelle l’attention du Gouvernement sur l’avenir de la ligne ferroviaire Paris-Orléans-Limoges-Toulouse, dite POLT, et l’urgence qu’il y a à la moderniser.
Cette radiale, la plus longue de France, traverse 10 départements sur les 712 kilomètres de son parcours, dessert 32 départements et concerne plus de 5 millions de nos concitoyens. Elle est reconnue comme l’une des plus pertinentes par les deux rapports Duron et prend aujourd’hui une importance particulière. En effet, la récente annulation de la déclaration d’utilité publique par le Conseil d’État du projet de « barreau LGV » Limoges-Poitiers donne une nouvelle responsabilité au Gouvernement car, comme l’a écrit Philippe Duron dans son rapport de mai 2015, « Une vision ambitieuse pour la ligne POLT […] peut constituer une alternative au projet de ligne à grande vitesse Poitiers Limoges. »
Oui, l’avenir de la desserte des territoires du grand centre de la France passe par son réseau historique classique, qu’il conviendra de relier au réseau européen à grande vitesse, notamment par l’interconnexion sud de Paris.
Aussi mes questions sont-elles simples. Tout d’abord, en matière d’infrastructures, si le doublement annoncé des investissements sur la période de 2015 à 2025 permet de stopper le vieillissement du réseau, il ne suffit pas à la modernisation et l’amélioration de celui-ci. Il conviendrait de passer de 1 milliard à 1,5 milliard, voire 2 milliards, pour permettre une meilleure sécurité, une vitesse accrue et une fiabilité retrouvée. Le Gouvernement est-il prêt à divertir une partie du financement de la LGV Limoges-Poitiers pour accélérer cette modernisation de la ligne POLT ?
Ensuite, concernant le matériel, après bien des vicissitudes, l’appel d’offres pour de nouvelles rames sera lancé d’ici à la fin de l’année. Mais le cahier des charges est minimaliste et les vitesses qui sont indiquées montrent une dégradation par rapport à l’existant sur certaines portions. Elles sont surtout en deçà des préconisations du rapport Duron, qui propose 220 kilomètres par heure au minimum et non 200 kilomètres par heure, comme le stipule le cahier des charges, pour lequel nous avons été consultés mais pas forcément entendus. Allez-vous améliorer ce point, demandé par les usagers, pour redonner corps au réseau classique ?
De même, l’un des enjeux majeurs réside dans le respect de l’intégrité de la ligne, de son caractère national, sans tronçonnage, par le maintien, voire l’amélioration des dessertes, à commencer par le retour du train de nuit jusqu’à Latour-de-Carol. Pouvez-vous donner des assurances en ce sens ?
Enfin, la fiabilité des circulations souffre aujourd’hui, outre de la vétusté du matériel, du manque d’effectifs chez les cheminots. Pour montrer votre volonté de pérenniser la ligne POLT comme un axe d’avenir, pouvez-vous revenir sur les baisses d’effectifs de cheminots qui dégradent le service rendu ?
Monsieur le secrétaire d’État, grâce à la mobilisation des associations d’usagers, au premier rang desquelles l’association Urgence ligne POLT, grâce aux cheminots, aux élus locaux et aux parlementaires, cette ligne a été préservée ; sa pertinence nationale et son utilité pour le développement du pays ne font aujourd’hui plus débat.
Le Gouvernement est-il prêt à accélérer les financements indispensables pour que nous puissions dire avec fierté que ce quinquennat aura été celui de la reconquête de la ligne POLT ?