Au fil de ces crises, nos concitoyens perdent de plus en plus confiance dans l'expertise publique et mettent en doute les travaux de nos scientifiques. Chacun voudrait croire qu'il existe une expertise indépendante et que ses résultats sont tellement incontestables que les décideurs politiques pourraient s'appuyer sans hésitation sur ces travaux. Il n'en est rien, malheureusement, et le récent débat lancé par le professeur Séralini sur une catégorie d'OGM l'a une nouvelle fois démontré.
Vouloir introduire dans notre droit des innovations visant à renforcer l'expertise publique est légitime, mais le contenu de ce texte n'est pas, à nos yeux, acceptable, et ce pour plusieurs raisons. À l'origine, la proposition de loi de Marie-Christine Blandin préconisait la création d'une Haute autorité de l'expertise scientifique et de l'alerte. Une de plus, serais-je tenté de dire, tant, mes chers collègues, nous avons pris la désagréable habitude d'en créer un nombre incalculable, ou plutôt un nombre calculable puisque cette instance serait devenue la mille deux cent quarante-cinquième agence de l'État si j'en crois le rapport de mars 2012 de l'Inspection générale des finances.