Madame la ministre, la mesure du taux d’apprentissage des langues étrangères par les jeunes Français permet d’apprécier la performance de notre système éducatif. Dans ce domaine, nous devons être ambitieux afin que la France puisse assumer son rôle de puissance de premier plan, influente et ouverte au dialogue avec le monde, car apprendre une langue c’est apprendre une culture.
En 2015, le Gouvernement a annoncé la suppression des classes bilangues des collèges, mettant en cause par contrecoup les sections européennes et les sections Abibac. Cette décision a porté atteinte à des filières d’excellence : les sections Abibac donnent aux élèves une ouverture extraordinaire sur l’Allemagne, notamment dans nos départements frontaliers, et les élèves qui en sont diplômés réussissent encore mieux que ceux des sections européennes. La suppression des classes bilangues pénalise tout particulièrement la langue allemande, notamment dans notre département, ce qui a d’ailleurs amené le gouvernement allemand à protester auprès de la France.
Un an plus tard, le Gouvernement, par votre voix, annonce que certaines classes bilangues seront maintenues. Dans l’académie de Nancy-Metz, ce sont les sections européennes qui ont été supprimées, tandis que les sections bilangues de continuité étaient maintenues. Le maintien des classes bilangues n’étant que très partiel, serait-il possible de donner la priorité aux départements frontaliers, qui ont, beaucoup plus que les autres départements, besoin d’assurer à leurs collégiens et à leurs lycéens une bonne connaissance de la langue du voisin, qu’il soit espagnol, italien ou allemand ?
En Moselle, particulièrement à Metz, c’est toute la filière biculturelle franco-allemande qui est menacée par cette réforme. En effet, cette filière commence dès le primaire avec les sections trilingues, que vous avez d’ailleurs visitées lors de votre venue à Metz. Elles se poursuivent dans les collèges par les sections bilangues et les sections européennes, avec la possibilité d’accéder aux sections Abibac, que Claude Allègre, nous avait accordée, puis à l’Ecole nationale des arts et métiers, l’ENSAM, dont une caractéristique est de dispenser un double cursus avec les universités de Karlsruhe et de Dresde.
Madame la ministre, pouvez-vous nous indiquer précisément les critères utilisés pour maintenir dans les départements frontaliers les classes bilangues de continuité et les classes bilangues de grands commençants ?