En ce qui concerne la perception de la propagande, il m'est difficile de parler à la place de la population locale. La propagande est toutefois explicitement tournée vers l'extérieur et à des fins de recrutement. Les images d'ultra-violence attirent les psychopathes du monde entier qui libèrent ainsi la violence qu'ils contiennent en eux.
Les images utopiques s'adressent à un tout autre public. Daech n'a pas besoin que de tueurs mais aussi, – et c'est leur discours – d'ingénieurs, d'instituteurs… Ce discours prospère sur des esprits faibles ou égarés qui croient au rêve d'un pays musulman présenté par Daech.
Durant l'époque soviétique, les populations locales ne se faisaient guère d'illusion. Les groupes de citoyens journalistes qui se forment à Raqqa tentent de donner des informations. Ils s'appuient notamment sur les journalistes repentis de Daech qui ont compris le piège et qui essaient de s'en sortir. Bien que les informations soient rares, je ne crois pas que les populations locales se bercent d'illusion et voient bien le décalage entre la réalité violente et arbitraire et les images idéalisées.