Sans doute, mais pas uniquement. Il m'a été déconseillé de les rencontrer, à supposer qu'ils acceptent pareil rendez-vous, ce qui n'est pas du tout le cas. Je n'ai pas ces difficultés, ni au Maroc ni, en Égypte.
Ces réseaux de mosquées sont connus et surveillés par les autorités. Après l'attentat de Sousse, certaines mosquées ont même été fermées. Le Parlement a d'ailleurs débattu de la pertinence et de la nécessité de cette mesure. Il faut en effet rappeler que la mosquée est historiquement et culturellement un lieu d'échanges et qu'elle a un sens politique fort ; elle ne saurait être écartée de l'identité culturelle de ces pays.
Sur la contre-radicalisation et la contre-propagande au Maroc, j'ai pu m'entretenir avec des députés du parti de la justice et du développement (PJD) qui ont organisé plusieurs réunions sur ce sujet dans le nord du pays, zone la plus concernée. Ils constatent que ces initiatives ont eu peu d'effet. Une réflexion est néanmoins en cours sur leur politique d'éducation et intègre notamment la question de l'utilisation du français. Un article a récemment été publié sur ce sujet dans le Point par M. Abbadi sur la perception de la radicalisation par les Marocains.
Les différents pays arabes ont-ils des contacts sur cette question de la contre-propagande ? Je n'en suis pas sûre. Il y a clairement des contacts entre Ennahda, le PJD voire l'APK, mais ils ne semblent pas aborder cet enjeu.
Par rapport aux femmes, j'ai peu d'éléments. Avec l'idéologie salafiste au centre des préoccupations des djihadistes, la femme occupe une place essentiellement subalterne. Pour le djihad, les filles sont approchées par une démarche de séduction avec un aspect paternaliste. Elles sont principalement utilisées pour faire des enfants et on leur promet une belle maison. Les femmes sont bien vues comme le complément de l'homme. Peut-être cet enjeu est-il plus développé dans Dabik.