Intervention de Anne-Clémentine Larroque

Réunion du 6 avril 2016 à 16h15
Mission d'information sur les moyens de daech

Anne-Clémentine Larroque, maître de conférences à SciencesPo :

Je fais bien la distinction entre le niqab et le voile islamique. Il y a aussi la bahia ou robe islamique. Ces pratiques vestimentaires traduisent un rapport à l'identité, une identité qui est culturelle. Dans les milieux scolaires défavorisés, la bahia a une fonction d'affirmation de soi, sans grand rapport avec la religion. J'ai vu des jeunes filles porter des grands bandeaux de seize ou dix-sept centimètres et la bahia qui descend jusqu'au sol. Je leur disais qu'elles n'avaient pas le droit de venir comme ça en cours. J'en prenais la liberté, d'ailleurs, parce que les rectorats restent timorés sur ces enjeux. Lorsque j'évoquais le sujet avec elles, ces jeunes filles me disaient que c'était un moyen de se protéger, de vivre leur foi, ou tout simplement qu'elles trouvaient cela joli ! On a du mal à comprendre ce phénomène un peu hybride, entre la culture arabo-musulmane et la culture française de banlieue – sans vouloir tomber dans les clichés. Ces manifestations de foi fascinent. Celui qui montre son lien avec la religion est visible, vu, regardé. Encore une fois, l'enjeu est complètement celui de l'identité.

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