Je souhaite rebondir sur la question de l'Europe, à nouveau avec un regard lointain. Sur quinze ans, les attentats terroristes commis en Europe concernent un nombre limité de pays : Londres, Madrid, Paris, et maintenant Bruxelles… A contrario, beaucoup de réseaux sont présents en Allemagne, à Hambourg, par exemple. L'Allemagne constitue une base essentielle pour les réseaux djihadistes en Europe mais aucun attentat n'a été commis dans ce pays. Des pays, comme l'Angleterre, ont mené avec succès des politiques de « déradicalisation » – même si je n'aime pas beaucoup ce mot qui s'est imposé en quelques années dans le débat public, employé à tout propos, appauvrissant le débat. La France n'était pas le pays le plus engagé dans la lutte contre Daech. Pourquoi, dès lors, ce choix de frapper la France ?
Je pose la question : il faut sans doute rechercher des raisons historiques, sociologiques, des explications à chercher dans des contradictions, dans un modèle à bout de souffle. Pourquoi Al Qaïda n'a par exemple jamais frappé Dubaï ni le Qatar ? Ce serait pourtant simple pour une organisation capable par ailleurs de frapper New York. Ces gens sont rationnels en termes de moyens et de cibles. Ils cherchent à optimiser leurs actions et capitaliser à moyen et long terme. Ce sont les plus éminents stratèges de l'armée irakienne, pas des gamins ! Ils ont une stratégie, s'appuient sur des projections.