Le terme est ambigu, je vous l'accorde. Pour prendre une comparaison médicale je dirais que la radicalisation n'est pas une grippe dont on ressort dans l'état dans lequel on était avant de tomber malade. Nous devrons donc accompagner certains jeunes dans la durée, en essayant de comprendre leurs motivations initiales. Nous devons les raccrocher à leur famille quand elle n'est pas pathogène, à la société, à leurs amis, à leurs activités antérieures, à la République, à la citoyenneté.
Nous participons à l'élaboration du projet pédagogique de ces centres, dans lequel sont notamment prévus des remises à niveau professionnelles, des groupes de parole, l'intervention de psychologues, des entretiens individuels s'ils sont désirés, des interventions sur le fait religieux. Il s'agit vraiment de redonner à ces jeunes le goût à la citoyenneté, ce qui implique de les réconcilier avec la société dans laquelle ils vivent, sachant qu'il y a 3,5 millions de chômeurs et que 25 % de jeunes ne trouvent pas de travail. Il faut jouer sur la réinsertion, mais je ne crois pas qu'il y ait une déradicalisation comme il y a des antibiotiques pour soigner une maladie. Avec l'aide de têtes pensantes comme le professeur Benslama, nous devons aussi que nous comprenions l'aventure intérieure de ces jeunes, ce qui n'est pas évident.