Je prends la parole au nom du Groupe socialiste, écologiste et républicain. Comme on pouvait s'y attendre, les conclusions de ce rapport ont été assez mal accueillies par les agriculteurs. En effet, comment ne pas s'interroger sur la baisse des prix payés aux producteurs – elle est de 2,4% en moyenne, mais de 15 % pour le lait et de 7 % pour le porc – alors qu'en magasin les prix de vente ont augmenté de 0,5 % ? Que l'on parle de beefsteak haché, de longe de porc ou de lait UHT, l'écart se creuse entre le prix payé aux producteurs et le prix payé par le consommateur. Ces données traduisent la détresse économique qui frappe le monde agricole : comme vous l'avez indiqué, dans de nombreuses filières, les prix payés aux producteurs ne leur permettent pas de couvrir les coûts de production.
En adoptant, lors de sa dernière séance, un avis relatif aux circuits de distribution des produits alimentaires, le Conseil économique, social et environnemental (CESE) a soulevé certains points de méthode relatifs à l'élaboration du rapport 2016 de l'Observatoire. Le CESE relève ainsi que le calcul de la marge brute intègre, pour le transformateur, les pertes de matière première liées à la transformation, mais ne prend pas en compte les pertes des grandes et moyennes surfaces de distribution, qui peuvent être importantes pour les produits frais. D'autre part, les calculs sont établis sur la base de produits agricoles nationaux, sans intégrer ceux qui sont importés, si bien que pour les découpes de volaille, la charcuterie, le jambon, « le biais n'est pas à exclure », dit le CESE. Certaines filières, telle la pêche, n'offrent pas d'éléments de transparence satisfaisants. Enfin, les données disponibles sont transmises par les acteurs eux-mêmes, et l'on peut douter de la fiabilité des résultats obtenus quand ils dépendent de la confiance accordée aux acteurs qui ont transmis les informations – cela vaut notamment pour les poste « autres charges » des grandes et moyennes surfaces (GMS), qui peut prêter à interprétations diverses. Le fait que, comme vous l'avez souligné, les données portent sur des années différentes ne facilite pas la légitimation des résultats.
Que pensez-vous de ces remarques ? Que faudrait-il faire pour améliorer la qualité des résultats obtenus par l'Observatoire ? Quel est, par ailleurs, l'impact du crédit d'impôt pour la compétitivité et l'emploi sur le niveau des marges de la transformation et de la distribution ? Enfin, si l'on considère la filière porcine dans son ensemble, il y a tout lieu de s'interroger sur la marge nette considérable – 8,9 % – du rayon « charcuterie » de la grande distribution.