L'ANACEJ, que je préside depuis un an et demi et qui regroupe 450 collectivités locales de toute taille – la plupart des villes de plus de 100 000 habitants, des départements, des régions – s'est donné comme objectif de promouvoir la participation des jeunes à la vie publique et leur association à l'élaboration des politiques publiques, celles qui les concernent et plus largement les politiques publiques locales ou nationales.
Au départ, nous avons essentiellement travaillé autour des conseils d'enfants et de jeunes. Puis nous avons souhaité élargir le champ de notre action à l'ensemble des modalités de participation, car si les conseils de jeunes permettent une coconstruction des politiques publiques, ils peuvent aussi être utilement complétés par d'autres formes de participation. Aussi travaillons-nous aujourd'hui avec 450 collectivités locales, 9 grandes fédérations d'éducation populaire, mais aussi des jeunes qui assument au sein de notre organisation un certain nombre de responsabilités.
Au-delà de cette expertise que nous avons développée dans la création de conseils de jeunes et l'accompagnement des collectivités locales, nous organisons depuis 2012 une campagne intitulée « Je vote » qui vise à suivre l'évolution du comportement électoral des jeunes et à accompagner les pré-votants et les primo-votants dans la compréhension des scrutins électoraux et les enjeux liés aux élections. Grâce à plusieurs enquêtes, dont la dernière a été publiée récemment, nous souhaitons observer le comportement électoral des jeunes afin d'identifier leurs attentes et de proposer aux décideurs publics locaux ou nationaux les moyens leur permettant de mieux dialoguer avec les jeunes. En effet, toutes ces enquêtes ont mis en lumière une distance, pour ne pas dire une défiance, des jeunes, notamment des dix-huit à vingt-cinq ans, à l'égard du monde politique en général – partis, organisations, syndicats – et un profond scepticisme quant à la capacité réelle des élus à agir pour améliorer le destin de la jeunesse. Menées en collaboration avec l'IFOP, ces études sont basées, non sur l'extrapolation d'un échantillon, mais sur l'interrogation de 1 200 jeunes pour la dernière étude, de 1 500 pour la précédente, âgés de dix-huit à vingt-cinq ans.
Concernant le titre Ier du projet de loi, notre questionnement porte donc sur les conseils d'enfants et les conseils de jeunes. À quoi servent les conseils d'enfants et les conseils de jeunes ? D'abord, ils permettent aux élus locaux d'amender et d'enrichir les politiques publiques en reconnaissant et en intégrant l'expérience pratique des jeunes. Cette démarche existe aujourd'hui au travers des conseils de quartier, des conseils citoyens, mais moins au travers des conseils d'enfants et de jeunes qui pourtant devraient être interrogés, non seulement sur les politiques publiques qui les concernent, mais aussi sur toute politique publique au sein d'une ville. Un enfant, un jeune, est aussi un citoyen de la ville, il est également concerné par les politiques publiques. Ensuite, ces conseils d'enfants et ces conseils de jeunes peuvent mener des actions concrètes, ce qui suppose un accompagnement de professionnels et d'élus. Enfin, ces dispositifs de participation à la vie locale pour les enfants et les jeunes sont des lieux de formation à la citoyenneté et à la démocratie.
À présent, nous souhaiterions voir généraliser ces conseils d'enfants et de jeunes, pas forcément par l'obligation de créer des conseils d'enfants et de jeunes – il est difficile d'obliger au dialogue –, mais plutôt par l'incitation et en tenant compte des réalités locales. Les conseils d'enfants et de jeunes sont un outil parmi d'autres ; la construction et le fonctionnement d'un outil doivent s'adapter aux réalités locales – il peut prendre la forme d'un conseil, d'un forum ou d'une assemblée. Il faut valoriser dans le cursus de formation citoyenne des jeunes leur participation à ces conseils d'enfants et de jeunes, dans lesquels ils peuvent se frotter aux réalités locales, comprendre l'organisation démocratique, les contraintes budgétaires des politiques publiques, mais aussi la complexité du monde dans lequel ils évoluent. En résumé, ces dispositifs favorisent l'émancipation des jeunes et les aident à devenir des citoyens éclairés et libres de leur choix.