Il n'y a pas un essoufflement de l'engagement des jeunes, il y a des formes d'engagement qui évoluent et sont devenues protéiformes : engagements associatif, syndical, politique, engagements ponctuels ou dans des dispositifs locaux de participation... Penser engagement global, dans une vision structurée et organisée, du local au global ou du global au local, n'est plus d'actualité. C'est tout l'enjeu.
En France, les jeunes sont massivement opposés au droit de vote à seize ans, car ils ont intégré la vision que la société leur renvoie de leur illégitimité et de leur incompétence à s'exprimer à cet âge-là par le droit de vote – c'est ce qu'ils nous disent très majoritairement. À l'inverse, dans tous les pays où l'âge du droit de vote a été baissé, cela produit des effets extrêmement positifs. L'âge de dix-huit ans est l'un des plus instables – les jeunes quittent le domicile familial sans vraiment le quitter, ils sont étudiants mais pas forcément dans la ville où ils résident, etc. –, si bien que le premier vote est rendu très difficile, alors qu'il est symboliquement très important. Je pense donc que le droit de vote à seize ans, au moins aux élections locales, permettrait d'enclencher un processus citoyen vertueux et serait une réponse au sentiment d'illégitimité des jeunes.
S'agissant de la ville d'Amiens, il est paradoxal de vouloir être capitale européenne de la jeunesse et de supprimer l'ensemble des dispositifs de participation des jeunes.