J'ai rencontré les adhérents de l'ANACEJ en Guyane, Martinique, Guadeloupe et à La Réunion. L'obligation ne doit pas aboutir à l'uniformisation, car les réalités sont différentes selon les territoires. Les territoires d'outre-mer n'ont pas les moyens de mener des politiques en faveur des jeunes – les dispositifs mis en place actuellement sont réservés aux sportifs. L'État doit revoir les choses.
Nous avions élaboré une proposition sur la région chef de filât en matière de politique de la jeunesse, mais je ne retrouve pas dans ce projet de loi le cadre qui permettrait de savoir de quoi on parle ! Sans compter qu'une grande région n'est pas forcément dans la même configuration qu'une autre plus petite.
Sur le territoire de l'eurométropole de Strasbourg, les conseils citoyens sont une obligation : des communes jouent le jeu, mais dans d'autres, le conseil citoyen, labellisé par arrêté préfectoral, n'est qu'une coquille vide. Attention, donc, à l'obligation. Un fonds de soutien, pourquoi pas, mais en aucun cas cela ne doit aboutir à l'uniformisation : il faut tenir compte des réalités locales pour reconnaître l'engagement. Des conseils des jeunes pour chanter l'hymne national au pied du monument aux morts le 11 novembre, ou pour nettoyer les berges des rivières, ne serviront à rien ! Il faut accorder à ces conseils une vraie place dans le processus citoyen. Leur donner une vraie place signifie : reconnaître l'engagement, relayer leurs propositions et – à l'image de ce qui se fait à Paris – leur accorder un droit de saisine pour les délibérations du conseil municipal et annexer leurs avis aux comptes rendus du conseil municipal. Ce n'est pas aux élus de décider des sujets sur lesquels les jeunes doivent être consultés, mais l'inverse. Le programme de travail d'une municipalité, d'une région, d'un département, pourrait être présenté aux jeunes qui s'autosaisiraient sur telle ou telle question pour rendre un avis et le communiquer aux élus, avis qui serait annexé aux délibérations.
J'entends souvent dire que les conseils d'enfants et de jeunes ne sont pas représentatifs de la société, en comportant plutôt des jeunes issus de classes sociales favorisées. En fait, tout dépend des pratiques. Avec le soutien de l'Éducation nationale, nous avons mis en place à Strasbourg un conseil de jeunes dont les membres ont été élus dans toutes les classes de cinquième et quatrième. Et l'enquête que nous avons menée auprès de ces jeunes montre qu'ils sont tout à fait représentatifs des jeunes de la ville, à la fois en termes de territoire, de milieux socio-économiques et de parcours de vie. Cette expérience contribue aussi au développement de la citoyenneté.