Intervention de Marthe Corpet

Réunion du 25 mai 2016 à 10h30
Commission spéciale chargée d'examiner le projet de loi Égalité et citoyenneté

Marthe Corpet, vice-présidente de l'Union nationale des étudiants de France, UNEF :

On ne peut pas imposer l'engagement. On peut, par contre, le promouvoir et l'encadrer. Pour cela, il faut d'abord assurer une protection aux jeunes qui s'engagent. À cet égard, nous saluons le service civique, puisqu'il donne un sens aux missions des jeunes qui reçoivent par ailleurs une indemnité. Il faut ensuite permettre aux jeunes de se réapproprier leur lieu d'engagement. En l'occurrence, il serait intéressant d'auditionner les lycéens sur les maisons des lycéens, qui sont des lieux d'engagement au sein des lycées, où les jeunes peuvent concevoir des projets sportifs, culturels, humanitaires ou liés à la citoyenneté, sur un temps court ou long. Au sein de l'université, la diversification des engagements – la majorité des étudiants s'engagent à l'extérieur de l'université – pose la question de leur protection en termes d'aménagement d'études.

Je ne partage pas l'idée de sélectionner les étudiants à l'entrée dans l'enseignement supérieur. À l'origine, le dispositif « meilleurs bacheliers » concernait les filières sélectives, notamment les classes prépas, révélatrices de fortes inégalités sociales – il s'agissait donc de casser la reproduction sociale, l'autocensure des jeunes. Non seulement, le dispositif n'est pas une solution de long terme pour démocratiser l'accès aux classes prépas, mais la problématique à l'université est tout autre : les difficultés de l'université sont principalement budgétaires pour accueillir l'ensemble des étudiants – d'où des sélections illégales dans certaines filières. J'ai donc du mal à comprendre que la réponse aux difficultés de l'université consiste à instaurer une sélection, alors que l'objectif est d'amener 60 % d'une classe d'âge dans l'enseignement supérieur, conformément à l'engagement du Président de la République. D'autres solutions existent. Il faut réfléchir à l'aspect budgétaire. Il faut aussi réfléchir à l'orientation et à la maîtrise de leur avenir par les jeunes, qui ne doivent pas être empêchés de rejoindre une filière « sciences », par exemple, s'ils ne sont pas titulaires d'un bac « S ».

Certes, la prime d'activité est accessible à certains jeunes, mais les critères sont tellement restrictifs que la majorité des étudiants n'y ont pas accès.

Sur le service civique, l'objectif n'est pas d'empêcher qu'il soit utilisé par tous, d'autant que les demandes sont supérieures aux offres. Par contre, certaines structures non agréées n'auront pas les outils pour assurer le suivi à long terme des missions. C'est un risque dont il faut tenir compte.

Enfin, sur la région chef de filât, déjà compétente dans la majorité des politiques en matière de jeunesse, je n'ai pas de position idéologique. Par contre, il existe énormément de dispositifs, ce qui est un frein à leur lisibilité. Il faut donc une cohérence : l'État doit continuer à organiser l'ensemble de ces dispositifs ; mais cela ne me pose pas de problème que la région ait un rôle à jouer dans l'unification des processus.

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