Le vote de la France, favorable à la résolution du Conseil exécutif de l'Unesco, a été perçu en Israël avec surprise : non seulement, les deux années précédentes, la France s'était abstenue, mais, cette année précisément, elle promeut une initiative visant à trouver une solution au conflit entre Israéliens et Palestiniens. Par ce vote, la France a approuvé un texte selon lequel Israël exhumerait des cadavres musulmans pour inhumer des morts juifs, et dans lequel il n'est fait nulle mention de l'importance historique de Jérusalem pour le judaïsme. Pour dire les choses de manière diplomatique, c'est un vote étonnant, d'autant que, la même semaine, Mahmoud Abbas, en route vers New York, était en visite à Paris pour promouvoir une résolution contre Israël au Conseil de sécurité des Nations Unies. Peut-être y avait-il un lien entre le soutien de la France à cette résolution et la décision prise par Mahmoud Abbas de geler son initiative aux Nations-Unies – ce qui, pour Israël, est inacceptable.
Je vous ai entendu dire, madame la présidente, que ce vote a été exprimé dans le cadre des relations amicales entre la France et Israël. Je sais que les relations franco-israéliennes sont bonnes et que la France est une véritable amie de notre pays, mais je vous dis de la manière la plus nette que l'approbation d'une résolution qui passe sous silence le lien entre Jérusalem et le judaïsme et qui profère d'étranges accusations contre Israël a été perçue dans notre pays tout autrement que comme une manifestation d'amitié. Cette décision était à la fois surprenante et inacceptable, et le Premier ministre a protesté auprès de la France et des autres pays pour leur soutien à une résolution qui n'encourage nullement au rapprochement entre Israéliens et Palestiniens.
L'adoption d'un texte de cette nature corrobore ce que j'ai mentionné tout à l'heure : dans les organisations internationales, toute résolution condamnant Israël, contiendrait-elle un paragraphe affirmant que la Terre est plate, obtiendra une majorité automatique, par principe. C'est précisément pourquoi nous insistons sur la nécessité d'un dialogue direct entre Israéliens et Palestiniens.
Bien entendu, la situation au Liban nous inquiète. Certes, le Hezbollah a perdu des militants en Syrie mais, au fil des ans, il n'avait cessé de se renforcer. Il dispose aujourd'hui d'un arsenal de 100 000 missiles dont la portée lui permet de cibler l'ensemble du territoire israélien, et Hassan Nasrallah, son secrétaire général, se répand semaine après semaine en déclarations invitant à la destruction de l'État d'Israël. Les deux guerres qui ont eu lieu au Liban au cours des vingt ans écoulées – la seconde en 2006 – montrent qu'il ne s'agit pas seulement de rhétorique : il y a eu des actes menaçants contre Israël. Nous prenons donc très au sérieux la menace que représente le Hezbollah, une organisation directement soutenue par l'Iran, pour le compte duquel il agit. C'est pourquoi nous sommes très inquiets que la Russie livre, via la Syrie, des armes au Liban : elles ont clairement Israël pour objectif. Nous ne nous mêlons pas de la politique intérieure du Liban, même si nous considérons que chaque pays du Moyen-Orient, Liban compris, doit disposer d'un exécutif stable et d'une présidence. Pour Israël, je le répète, la menace principale est celle du Hezbollah et de ses relations avec l'Iran.
Nous ne voulons pas nous impliquer dans le conflit syrien, parce que nous avons suffisamment de problèmes à résoudre en l'état et parce que Bachar al-Assad et l'opposition syrienne sont tous deux opposés à Israël. Nous nous refusons donc à prendre parti. Le gouvernement israélien considère toutefois que certaines lignes rouges ne doivent pas être franchies. Il s'agit en premier lieu, je l'ai dit, des livraisons d'armes vers le Liban via la Syrie ; en ce cas, Israël se réserve le droit de réagir. Nous le ferons aussi si nous essuyons des tirs depuis la Syrie, comme cela s'est déjà produit. Enfin, nous ne permettrons pas que des organisations terroristes islamistes se renforcent sur le plateau du Golan, car il en va de notre sécurité, notre préoccupation première.
J'en viens aux implantations. Je le redis, il faut tenir compte de la réalité : elles représentent entre 2 et 3 % du territoire de la Cisjordanie, c'est un fait avéré. Quelques centaines de milliers d'Israéliens vivent là-bas. Aucune nouvelle implantation n'a eu lieu depuis 1991, mais de nouvelles constructions voient le jour qui sont nécessaires pour répondre aux besoins de la population : logements, écoles, jardins d'enfants…