Intervention de Aliza Bin-Noun

Réunion du 3 mai 2016 à 16h30
Commission des affaires étrangères

Aliza Bin-Noun, ambassadrice d'Israël en France :

Je n'ai pas en mémoire les chiffres précis, mais je peux les faire rechercher. Ce qui est construit est ce qui est nécessaire pour répondre aux besoins des Israéliens qui vivent dans des territoires avec lesquels nous avons un lien historique. Il ne s'agit pas de colonies au sens qu'avaient les colonies françaises d'Afrique du Nord, mais de lieux où notre peuple a vécu anciennement ; nous y avons des attaches religieuses et culturelles. Cela ne signifie pas que nous ignorions l'existence du peuple palestinien, avec lequel nous devons vivre puisqu'il est notre voisin. Il faut trouver une solution permettant la coexistence mais jusqu'à ce qu'elle ait été mise au point, nous devons répondre aux besoins légitimes de ceux qui vivent dans les implantations. Que le temps passe sans que s'ouvre un dialogue direct entre les parties joue contre nous et contre les Palestiniens. Ce n'est pas ce que nous voulons, mais la réalité est celle-là.

Vous m'avez demandé ce que peut faire la France. Nous savons que la France se préoccupe de la sécurité d'Israël et j'insiste à nouveau sur le fait que nos pays sont des pays amis, qui partagent les mêmes valeurs – même si comme cela arrive parfois entre amis, il y a des malentendus entre nous. La France nous aiderait davantage en encourageant les Palestiniens à un dialogue direct qu'en promouvant une initiative que les Palestiniens soutiennent évidemment puisqu'elle leur donne un motif pour ne pas venir négocier avec nous, alors que c'est la seule solution permettant de parvenir à discuter d'un accord durable incluant les implantations, la question de Jérusalem et celle des frontières.

Tous ces enjeux étaient sur la table lors du processus d'Oslo ; ils n'ont pas changé, et nous savons exactement ce sur quoi il nous faut dialoguer. Vous m'avez demandé si le gouvernement israélien savait quelles propositions faire à Mahmoud Abbas si celui-ci acceptait de venir négocier. Il n'y a aucun mystère ! Au cours des processus d'Oslo puis d'Annapolis, nous avons discuté plusieurs fois ces sujets et nous étions sur le point de signer un accord lorsque, au dernier moment, nos interlocuteurs – Yasser Arafat en 2000 et, déjà, Mahmoud Abbas en 2007 – ont fait machine arrière. Nous savons précisément sur quoi discuter, mais avant cela doit se manifester, des deux côtés, la volonté de faire des concessions pour parvenir à une paix que je pense aussi importante pour les Palestiniens qu'elle l'est pour nous. Pour le moment, le fait est que Mahmoud Abbas refuse le dialogue auquel l'invite Benjamin Netanyahou. Je sais ce que la communauté internationale pense de Benjamin Netanyahou et de ce qui s'est passé auparavant mais, depuis huit mois, alors même que les attentats sont presque quotidiens en Israël, lui et son gouvernement de droite cherchent le dialogue direct avec la partie palestinienne – c'est indéniable. D'autre part, la question des implantations et celle des frontières sont indissociables et doivent être rediscutés ensemble, comme ce fut le cas lors du processus d'Oslo.

J'entends que l'on me demande de ne pas oublier de répondre au sujet de la clôture de sécurité ; je ne compte éluder aucune question, mais il me faut le temps d'y arriver.

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